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Politique : un mois après son installation, le Conseil présidentiel entre démagogie et opacité

Le Conseil présidentiel de transition (CPT) en Haïti, formé il y a un peu plus d’un mois par la Caricom et le Core Group, est censé représenter un tournant vers la transparence et la lutte contre la corruption. Pourtant, les actions récentes du CPT soulèvent des questions sur sa cohérence et sa transparence.

Le 3 avril 2024, un accord a été signé pour établir un Conseil présidentiel de transition (CPT) composé de neuf membres. Cependant, au lieu d’un président unique et d’une majorité de 4 sur 7 comme prévu, le CPT a introduit une présidence tournante et une majorité de 5 sur 7, ce qui diverge de l’accord initial.

En outre, les promesses de sécurité et de lutte contre les gangs armés sont loin d’être tenues. Après une accalmie temporaire, la violence a repris de plus belle à Port-au-Prince et dans ses environs. Le déploiement d’une mission kényane, annoncé en grande pompe, reste incertain.

Le processus de sélection du Premier ministre (PM) a également été marqué par des irrégularités. Alors que seules les parties prenantes de l’accord du 3 avril étaient censées envoyer des candidats, une liste de six entités supplémentaires a été introduite sans explication. De plus, un débat public entre cinq candidats pour le poste de PM a été organisé, une manœuvre qui semble plus destinée à éliminer certains candidats qu’à garantir une sélection transparente et impartiale.

Des rapports de dépenses non budgétisées pour des véhicules blindés, des résidences supplémentaires pour les conseillers et d’autres privilèges soulèvent des inquiétudes quant à l’utilisation des fonds publics. L’organisation Nou Pap Domi a révélé que les membres du CPT se sont partagé des sommes prévues pour des dépenses du Palais National, suscitant des accusations de détournement de fonds.

Depuis la mise en place du CPT, les violations de l’accord du 3 avril se sont multipliées. Les membres du CPT, à l’exception de Laurent Saint-Cyr, n’ont pas respecté les termes de leur propre accord, aggravant la crise de confiance. Les activités criminelles, y compris les enlèvements et les assassinats, continuent de sévir. La mort tragique de deux jeunes missionnaires américains en est un exemple poignant.

Le bilan du CPT après un mois et deux jours est sombre. Les promesses de transparence et de lutte contre la corruption semblent être des paroles en l’air. Le débat organisé pour la sélection du PM, plutôt que d’apporter de la clarté, n’a fait qu’obscurcir davantage le processus.

Monique Clesca de Montana a raison de s’exclamer : « Quelle démagogie ! » Le peuple haïtien mérite mieux qu’un spectacle politique qui détourne l’attention des vrais problèmes. Le CPT doit agir avec intégrité et responsabilité pour regagner la confiance des citoyens et des partenaires internationaux.

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