Pont-Sondé : la population aux abois, les « Patrons » des gangs impunis
Le récent massacre de Pont Sondé, où plus de 70 personnes, y compris des bébés et des personnes âgées ont été sauvagement abattues, n’est qu’un épisode supplémentaire dans la longue série de tueries qui ensanglantent le pays. Alors que les gangs terrorisent la population, les autorités restent impassibles. Derrière ces tueries se cache un constat brutal : l’impunité généralisée, non seulement des chefs de gangs, mais aussi des politiciens qui les arment, les protègent et les financent. Le gang de Savien, responsable de ce massacre, n’aurait jamais pu se développer sans le soutien direct de figures politiques influentes, telles que Victor Prophane, dont l’emprise sur la région de l’Artibonite est bien connue.
L’impunité, le terreau fertile des gangs
Ce massacre, loin d’être un acte isolé, s’inscrit dans une longue série de tueries perpétrées en toute impunité sous les yeux de l’État haïtien. La montée en puissance des gangs en Haïti est intimement liée à l’absence de poursuites judiciaires contre ceux qui financent, arment et protègent ces groupes. En novembre 2018, sous l’administration de Jovenel Moïse, des figures proches du pouvoir, comme Fednel Monchery à l’époque directeur général du ministère de l’interieur et Pierre Richard Duplan, délégué departemental de l’ouest ont été accusées d’avoir orchestré, avec la complicité du puissant chef de gang de Jimmy Cherizier, alias « Barbecue », un massacre dans le quartier de La Saline. Plus de 70 personnes avaient été tuées, et des dizaines de femmes et de filles violées. Six ans après malgré les preuves accablantes et les enquêtes qui les désignaient, aucun n’a jamais été inquiété par la justice haïtienne. Cette complicité tacite des institutions étatiques avec les gangs permet à ces derniers de tuer en toute impunité, renforçant leur emprise sur le pays. L’impunité qui règne au sein de la justice haïtienne est le principal carburant qui alimente la violence des gangs. À chaque massacre, à chaque crime, les autorités judiciaires semblent se retirer davantage de leur rôle fondamental. Les auteurs de massacres, qu’ils soient gangsters ou politiciens, restent libres, protégés par un système judiciaire corrompu et dysfonctionnel.
Des sanctions internationales sans écho dans la justice locale
Bien que les États-Unis, le Canada et l’ONU aient imposé des sanctions contre des politiciens haïtiens soupçonnés d’entretenir des liens avec les gangs, la justice haïtienne, elle, reste muette. Des figures comme Victor Prophane, ancien député, ou encore Gracia Delva et Youri Latortue, ont été accusées d’avoir armé des gangs pour protéger leurs intérêts politiques dans le department de l’artibonite. Pourtant, aucun de ces individus n’a jamais été poursuivi en Haïti.
Victor Prophane incarne parfaitement cette impunité qui ronge le pays. Ancien député de l’Artibonite, il a été désigné par de nombreux témoins comme l’un des principaux instigateurs de la violence dans la région, notamment en armant les jeunes hommes pour servir ses intérêts politiques. Il est devenu le premier dirigeant haïtien à être sanctionné par l’ONU pour ses actions criminelles. Pourtant, malgré ces sanctions internationales, la justice haïtienne reste silencieuse. Victor Prophane n’a jamais été inquiété, alors qu’il aurait dû être arrêté depuis longtemps. Le massacre de Pont Sondé, orchestré par le gang de Savien, témoigne de l’évolution tragique de la situation sécuritaire en Haïti. Ce groupe armé, dirigé auparavant par Odma, un ancien mécanicien devenu chef de gang grâce à l’appui de Victor Prophane, a été créé dans le cadre de la bataille politique du département de l’Artibonite. Les révélations sur ses liens avec le défunt chef de gang Odma sont connues de tous, mais Prophane continue de jouir de sa liberté. Malgré la mort d’Odma, le gang continue de prospérer sous le regard complice de l’État
Une justice défaillante, un peuple sacrifié
Chaque massacre, comme celui de Pont Sondé, expose la faillite totale de la justice haïtienne. Loin de dissuader les criminels, l’inaction de l’État ne fait que renforcer la légitimité des gangs, qui agissent sans crainte de représailles. Les familles des victimes, quant à elles, restent impuissantes face à cette hécatombe. L’impunité, devenue norme, envoie un message clair : ceux qui ont du pouvoir peuvent tuer, piller et violer, sans jamais rendre de comptes. Le massacre de Pont Sondé n’aurait jamais dû se produire. Mais tant que les politiciens qui arment les gangs seront protégés, tant que les criminels pourront commettre des atrocités sans être jugés, ces massacres continueront à se reproduire. L’impunité n’est pas seulement un échec judiciaire : elle est une politique délibérée qui permet aux chefs de gang et aux politiciens corrompus de maintenir leur emprise sur le pays, au détriment de la population. Si les gangs prolifèrent, c’est parce qu’ils savent qu’ils ne seront jamais poursuivis. La justice haïtienne, gangrénée par la corruption, ferme les yeux sur les crimes des politiciens et des chefs de gangs.
Haïti se meurt sous le poids de l’impunité. Tant que l’État refusera de traduire en justice les politiciens et les chefs de gangs qui terrorisent la population, les massacres comme celui de Pont Sondé ne feront que se multiplier. Sans justice, il ne peut y avoir de paix, et sans sanctions réelles contre ceux qui financent et protègent les gangs, Haïti restera prisonnière de ce cycle infernal de violence et de mort.
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