Programme multisectoriel pour l’apaisement et la réinsertion sociale : des questionnements et des doutes

Le gouvernement de facto s’est-il résolu à réactiver un nouveau programme social à l’allure de « Ti Manman Cheri », pour perpétuer le règne de la corruption généralisée ?

Pierre-Ricot Odeney, ministre des affaires sociales et du travail (MAST), en conférence de presse, jeudi, à la résidence officielle du premier ministre, a annoncé que le gouvernement de facto entend mobiliser plus de 3 milliards de gourdes pour venir en aide aux groupes vulnérables. Le programme multisectoriel pour l’apaisement et la réinsertion sociale des groupes vulnérables, inscrit dans le budget 2021/2022 vise à lancer 300 restaurants communautaires, fournir 100 mille plats chauds et 100 mille paniers alimentaires, selon les précisions du titulaire du MAST.

Dans la même lignée, le document communiqué par le gouvernement fait état de la création de 90 mille emplois, à partir de la rubrique « Travaux à haute intensité de main d’œuvre » pour faire face au chômage. Un vaste chantier social, prévoit le ministre Odeney qui vante la volonté de l’équipe de facto à voir réduire la misère populaire.

Cependant, au-delà des envolées rhétoriques sur les projets sociaux, des questionnements surgissent quant à l’exécution effective des engagements formulés dans les feuilles de route. L’expression du programme « Ti Manman Cheri » initiée sous l’administration de Michel Joseph Martelly, se révèle un véritable gâchis. Des proches du pouvoir accusés de normaliser la corruption, des zélés du règne de l’ancien chanteur ayant dupliqué la liste des bénéficiaires n’ont jamais été puni par loi.

En outre, le programme, sans assises légales, a du être transmis dans la poubelle. Nombreuses ont été des voix qui s’élevaient pour exiger la lumière sur les fonds de l’État engagés dans ses entreprises sans dividende positive. L’implémentation du programme multisectoriel pour l’apaisement et la réinsertion sociale des groupes vulnérables remet sur le tapis la nécessité de faire une réévaluation de l’ancien programme social dont la corruption, l’opacité dans la passation de marchés publics ont signé son arrêt de mort.

D’autres controverses sont alimentées par la ligne budgétaire envisagée pour l’exécution de ce programme. Pour combien de temps, l’État haïtien s’engage-t-il à tenir la population dans l’assistanat, alors que des initiatives dignes, génératrices de revenus pouvaient soulager la souffrance des plus nécessiteux ?

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