Quel a été le mobile de l’incursion du G-9 au Bél-Air ? La CNDDR donne sa « version »

La commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion révèle que l’attaque armée perpétrée au Bél-Air lundi dernier, est une revanche des gangs du G-9 contre un autre groupe à « Maya ». Sur les ondes de plusieurs stations de radio de la capitale, Jean Rebel Dorcenat, l’un des membres de la CNDDR, précise que des morts ont été enregistrés dans les 2 camps. Environ 48 heures après cette journée de tension, le commissaire donne sa version des faits.

« Quelques jours avant cette incursion du groupe « G-9 an fanmi » et alliés au Bél-Air, une attaque armée avait été perpétrée dans la zone (Bò Lakwa), proche de Barbecue. Durant cette attaque menée par un groupe armé de la zone (Maya), six (6) morts ont été enregistrés ». Avec ces faits avancés, Jean Rebel Dorcénat tente d’apporter des précisions et couper court à une série de rumeurs autour de cette journée de terreur.

Selon le membre de la commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion, cette troupe en provenance du quartier « Maya », compte dans ses rangs des policiers, qui sont des véritables ennemis de Jimmy Cherisier alias « Barbecue ». « Ce qui s’est passé en fin d’après-midi du lundi 31 août 2020, est une forme de réponse, voire une revanche des membres du groupe G-9 an fanmi et alliés », rapporte M. Dorcénat. Ce dernier informe que le bilan fait état de plusieurs morts, et ceci dans les 2 camps en conflit.

Contrairement aux informations circulant sur les réseaux, le membre de la CNDDR précise qu’il y a eu bel et bien une présence policière. « Ces agents de la PNH positionnés dans la zone de rue Saint-Martin, était là pour stopper les affrontements et éviter une nouvelle massacre. N’était-ce cette présence dissuasive, il aurait eu quand même une intervention policière », a-t-il dit.

Jean Rebel Dorcénat qui côtoie et communique régulièrement avec ces gangs armés, précise que « l’incursion du G-9 au Bél-Air, n’a rien de politique », contrairement à certains secteurs qui pointent du doigt le pouvoir en place dans cette affaire. Parallèlement, le commissaire rappelle que la CNDDR a été réactivée dans l’unique but de retrouver la paix, par le biais d’un processus d’entente entre les bandits eux-mêmes, un désarmement suivi de leur réinsertion dans la société. « CNDDR pa vin la pou lagè, nou la pou lapè. Men pouvwa a paka itilize nou pou alimante oubyen tolere gang. Se travay nou nap fè », a-t-il insisté.

Depuis l’attaque armée lundi, de nombreux citoyens sont aux abois et dorment à la belle étoile sur des places publiques du Champs-de-mars, non loin du Palais présidentiel. Accompagnés de leurs enfants, des pères et mères de famille ont dû fuir la zone pour échapper à la fureur des hommes armés. Cependant, certains habitants, 24 heures après, ont tenté quand même de retourner sur les lieux. Maisons, voitures, motocyclettes incendiées, le constat est triste, Bél-Air, quartier historique de Port-au-Prince, donne l’allure d’une zone en guerre.

Entretemps, dans une vidéo de 45 secondes devenue virale sur les réseaux sociaux depuis hier mardi, une petite fille en pleurs appelle au secours des autorités concernées. « Map mande nou pou sove lavi nou tout ! », a lancé la fillette, la voix tremblante. En guise de réponse concrète aux bandits, le Président de la République s’est contenté uniquement de tweeter. « Je condamne avec fermeté les actes de violence qui se sont déroulés au Bel-Air. La PNH, à travers le PM, a déjà reçu les instructions formelles pour freiner cette escalade de violences et mettre en confiance la population plongée dans un traumatisme terrifiant », a écrit Jovenel Moïse. Une réaction qui, semble-t-il, est très loin de rassurer les citoyens haïtiens, assoiffés de sécurité et de justice.

Luckson Saint -Vil / HIP

CP / Stephen William Phelps

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