Relèvement du Grand-Sud: les promesses des donateurs et les leçons du passé

Des agences humanitaires, des pays amis, des bailleurs de fonds internationaux s’engagent à contribuer à hauteur de 600 millions de dollars au profit de la péninsule Sud d’Haïti, durement touchée par le séisme du 14 août 2021, se réjouit le premier ministre Ariel Henry, au terme de l’événement internationale des donateurs, déroulé mercredi au Caribe Convention Center. Des annonces qui attirent peu d’enthousiasme, compte tenu des renseignements du passé.

Le bilan des dégâts causés par le tremblement de terre du 14 août 2021 dans le Grand Sud s’élève à 2246 décès, 329 disparus, 138 mille logements détruits, 92 mille emplois perdus, a rappelé d’entrée de jeu, le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry. La réponse à la catastrophe nécessite une importante mobilisation pour rêver du relèvement des zones détruites et d’accompagnement des familles affectées, soutient-il.

Le pouvoir de facto s’était engagé à mobiliser à partir du trésor public 2.5 milliards de Gourdes pour financer des actions sur 4 ans dans la péninsule Sud. À écouter Ariel Henry, le Plan de relèvement intégré de la péninsule Sud (PRIPS), un mécanisme de gestion et de régulariser des dépenses, oriente les actions vers 4 axes d’intervention pour structurer la réponse. À cet stade, les interventions vont devoir cheminer à travers la production, les secteurs sociaux, les infrastructures et les secteurs transversaux.

S’il est vrai que les promesses ont largement dépassé les attentes, insiste Ariel Henry, cependant rien n’assure sur la volonté d’innover et de faire évacuer les doutes quant à l’utilisation responsable des fonds au profit des sinistrés. Sur ce point, la secrétaire générale adjointe de l’Organisation des Nations-Unies, Amina Mohamed, a promis l’élaboration d’un cadre de contrôle et de décaissement de fonds afin de dissiper toute réserve.

Entre-temps, en s’appuyant sur les leçons tirées du passé, rien n’augure un changement de paradigme dans la politique humanitaire de l’international vis-à-vis d’Haïti. Les projets retenus présentent les mêmes caractéristiques, les organisations internationales peuvent changer de personnel, mais elles conservent les mêmes instruments, rappellent des observateurs perplexes quant aux retombées positives de la mobilisation.

Les expériences sont légions, évoquent d’autres voix avisées. Le Plan de reconstruction après le Cyclone Jeanne aux Gonaïves, le plan de relèvement de Port-au-Prince après le séisme du 12 janvier 2010, le plan international de reconstruction d’Haïti et d’autres initiatives engagées en faveur du pays pour lesquelles les résultats ne s’alignent pas. On ne saura combien il en restera des 600 millions promis et combien qui vont transiter pour être rapatriés à travers des projets bidons, des programmes imposés par des ONG, à contre-courant des priorités locales? Des questionnements qui s’imposent au regard des leçons tirées du passé.

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