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Réouverture des classes dans un contexte de blackout généralisé !

Ce 10 août marque la réouverture forcée des classes en Haïti. Comme toujours les parents sont aux aguets ne sachant à quel saint se vouer pour adresser leur prière. La cherté de la vie, la flambée des prix des produits de première nécessité, la dépréciation de la gourde par rapport au dollar, l’insécurité, la covid 19 et le black-out généralisé auxquels fait face le pays rendent difficile la réouverture des classes.

On ne se rappelle même pas la dernière fois où la rentrée des classes a été accueillie chaleureusement. L’annonce même de la reprise des activités scolaires en Haïti a suscité colères et indignations. D’année en année la situation des parents se détériore. Ils ne sont jamais prêts pour la reprise à cause de leur situation économique désastreuse, leurs conditions de vie précaire et l’augmentation annuelle des frais scolaires et des fournitures classiques.

Chaque année apporte son lot de problèmes. L’année dernière en dehors des problèmes récurrents qui pénalisent toujours les parents lors de la réouverture des classes, il y a eu le phénomène « peyi lòk », cette année c’est une reprise qui arrive dans un contexte unique de black-out total. Tous les circuits de L’EDH sont tombés en panne. Dans la capitale et dans les villes de province, la population est dans le noir, le courant électrique est une denrée rare. Pourtant, on a tout entendu du pouvoir en place sur l’augmentation de la capacité de production de l’EDH. Le pire, Jovenel Moïse s’est moqué de nous avec sa promesse d’électrification du pays dans son entier et surtout de distribuer le courant 24/24.

L’électricité est depuis son invention un outil indispensable dans la vie de l’homme qui s’en sert pour améliorer ses conditions de vie. Il participe au développement de certains pays et assure le bon fonctionnement des institutions. En Haïti l’électricité reste un problème majeur. L’EDH, à l’image de toutes les institutions publiques du pays, n’arrive pas à produire ni à distribuer le courant à toute la population. L’énergie est devenue un moyen d’enrichissement pour le secteur privé et un instrument politique entre les mains de l’État. Le conflit entre la Sogener et L’État haïtien résume parfaitement cet état de fait.

Aujourd’hui, c’est un pays engouffré dans le noir à cause de la mauvaise gestion de l’électricité, mais surtout à cause de la mauvaise gouvernance qui a toujours caractérisée l’administration publique et qui aujourd’hui est à son plus bas niveau. Le black-out généralisé auquel fait face le pays n’arrange personne, mais ses conséquences sur les personnes les plus vulnérables, incapables de faire l’acquisition d’autres sources d’énergie sont beaucoup plus néfastes et rendent leurs vies beaucoup plus difficiles. Le courant de ville, malgré sa faible distribution permet aux parents de se réveiller tôt pour préparer leurs enfants, il permet aux enfants de réviser, la réalisation de plusieurs autres choses dépend étroitement du courant électrique. Donc, le black-out représente un frein au fonctionnement régulier des personnes les plus défavorisées.

La réouverture des classes dans un contexte pareil, est un vrai casse-tête pour les parents, déjà en proie à de sérieuses difficultés financières. La société haïtienne dans tout son ensemble subit les conséquences du black-out qui sévit dans le pays. Il ralentit le fonctionnement de presque toutes les activités et aggrave davantage la situation déjà cahotique des couches les plus pauvres.

Le black-out s’installe confortablement dans le pays, il est une nouvelle épreuve à laquelle doit faire face la société haïtienne, déjà en proie au Coronavirus qui semble échapper au contrôle des autorités sanitaires et étatiques. Tout laisse croire que l’État pompier d’Haïti se contentera toujours d’essayer d’éteindre le feu, mais jamais créer les conditions pour empêcher le feu de s’allumer. La Covid-19 nous guette toujours, elle s’en ira peut-être un jour. Mais quant au black-out, peut-être que le problème sera résolu quand les poules auront des dents, mais pas sous l’administration de Jovenel Moïse.

Ricot Saintil / HIP

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