RNDDH: Dégradation des conditions de détention à la prison de Croix-des-Bouquets

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a, une nouvelle fois, attiré l’attention de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) sur les conditions de détention à la prison civile de Croix-des-Bouquets. Dans une lettre ouverte adresée au Directeur de la DAP, le mercredi 14 avril 2022, l’organisme de défense des droits humains souligne que toutes les conditions sont réunies pour qu’il y ait des mutineries, émeutes, évasion, entre autres, dans ce centre carcéral en manque d’agents et majoritairement controlé par les détenus.

D’après le RNDDH, les conditions de détention étaient délétères depuis plusieurs mois. Il dit regretter de constater qu’en dépit du fait que que la DAP ait été informée de cette situation, jusqu’à date, rien n’a encore été fait. Pourtant, relate le réseau, la désorganisation de la sécurité du bâtiment et des détenus, la garde des détenus, leur alimentation et la gestion de l’infirmerie risquent à tout moment d’engendrer un soulèvement ou une évasion.

Toujours selon ce qu’a écrit le RNDDH dans cette lettre, l’effectif des agents affectés à la garde des détenus est largement insuffisant et ne répond pas aux normes internationales. Et malgré les nombreuses menaces du gang de « 400 mawozo » qui promet de s’en prendre à la prison, l’effectif n’a pas été revu à la hausse, sinon qu’il a été réduit de moitié. Et à cause de cela, la réception de nourriture et de colis est assurée par des détenus depuis quelques temps, sans rigueur de contrôle. Ce qui laisse une brêche pour que des armes, de la marijuana, des téléphones portables et d’autres objets illicites pénètrent dans ce centre de détention.

Aussi, peut-on lire dans cette lettre, les détenus sont gardés durant toute la journée en cellule et ne sortent même pas pour prendre un bain. Le menu de la DAP n’est pas respecté où les détenus de la prison civile de Croix-des-Bouquets n’ont droit qu’à un repas par jour et parfois, après 17 heures. De même, a écrit le RNDDH, le bâtiment n’est pas alimenté en énergie électrique. Il y a, certes, des panneaux solaires mais faute de batteries, ils n’ont jamais été branchés. Les frais mensuels alloués à l’achat de carburant sont insuffisants, ce qui fait que pomper l’eau pour les services journaliers et éclairer la prison relèvent d’un défi majeur.

De même, à en croire le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), l’infirmerie n’est pas alimentée en médicaments et ne dispose pas de matériels de fonctionnement. En conséquence, le service est dysfonctionnel en dépit de la présence régulière des infirmiers et des médecins.

Par conséquent, vu les conditions infrahumaines dans lesquelles ces 1046 détenus sont incarcérés, alors qu’ils scandent des slogans laissant croire qu’ils ne passeront pas Pâques derrière les barreaux, le RNDDH souligne que cela peut sevir de prétexte à un soulèvement, une mutinerie ou même une évasion. Pour ne pas avoir à en arriver là, la structure recommande vivement à la Direction de l’Administration Pénitenciaire (DAP) de passer des instructions pour augmenter le nombre des agents affectés à la garde des détenus, d’assurer l’accès au plein air chaque jour, pendant au moins une (1) heure mais aussi, de fournir aux détenus un repas équilibré répondant au menu de la DAP. De même, il faut permettre aux détenus de se baigner chaque jour, il faut fournir aux agents des matériels adéquats pour garder les détenus, reviser à la hausse les frais mensuels alloués à l’achat du carburant et compléter le système solaire de la prison.

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