S’affranchir de la tutelle des États-Unis pour recouvrer notre souveraineté

Si la sécurité du pays devrait être notre principale préoccupation à l’heure actuelle, compte tenu de l’insécurité grandissante qui sévit dans la capitale haïtienne et ses environs, la question de la « souveraineté nationale », perdue depuis des lustres, mérite d’être aussi adressée pour retirer le pays sous la tutelle des Américains.

C’est un fait indéniable qu’Haïti n’est plus un Etat souverain, c’est-à-dire un pays qui n’est subordonné á aucun autre, qui décide par lui-même de l’avenir de sa population et qui développe un rapport d’égal á égal aux autres pays. Nous sommes un « Etat dépendant », incapable, de contrôler notre propre territoire, de penser notre avenir, d’organiser le vivre-ensemble et décider de notre vie politique et sociale. Notre réalité de peuple depuis des lustres est axée sur une violence institutionnalisée, c’est-à-dire qu’elle est exercée par l’Etat sur ses citoyens. L’Etat haïtien s’érige en prédateur en s’associant à la classe dominante et à la communauté internationale pour maintenir les masses dans leur situation exécrable. L’Etat est contre la société. Notre réalité de peuple s’inscrit dans une dynamique de subordination à l’autre, de dépendance à l’impérialisme qui exerce son droit d’ingérence pour dominer Haïti.

Pour répéter l’éminent historien, Michel Soucar, « le pouvoir (politique) n’est pas dans la rue, il est à Washington ». Depuis plusieurs années déjà, ce sont les Américains qui décident du jeu politique en Haïti. L’Haïtien a fini par légitimer l’ingérence américaine. Un président haïtien est plus à l’écoute de Washington que de sa population. Les acteurs politiques, qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, sont sous l’emprise des Américains. Le néocolonialisme, qui est une nouvelle forme de domination des pays riches sur les pays pauvres, trouve sa plus grande expression dans les rapports des Etats-Unis avec Haïti. L’espace politique à travers lequel s’affronte les acteurs politiques pour la prise du pouvoir est devenu la chasse gardée des Américains, qui s’arrogent le droit de placer au timon des affaires, des hommes sans scrupules, sans état d’âme, sans éthique, sans aucun sens du patriotisme pour garder le pays sous sa coupe.

Il n’y a manifestement aucune volonté réelle de l’Etat haïtien de recouvrer sa souveraineté. Aucun président de ces dernières années n’a pas eu la dimension d’un chef d’Etat conscient de la nécessite de travailler à l’affranchissement du pays. Aucun d’entre eux n’a travaillé ou du moins réfléchi sur la nécessite pour le pays de recouvrer sa souveraineté. Les difficultés auxquelles sont confrontées les acteurs politiques à chaque fois que le besoin de se mettre d’accord pour une sortie de crise se fait sentir sont l’œuvre des Américains qui sont pour l’instabilité et qui, à chaque fois, déplacent leurs pions en fonction de leurs intérêts. Le pays ne recouvrera jamais sa souveraineté autant de fois que ce sont les Etats-Unis qui choisissent notre président, qui définissent notre agenda politique, comme c’est le cas aujourd’hui.

Ce sont les Américains qui ont décidé dans un premier temps que Claude Joseph soit aux commandes après l’assassinat de Jovenel Moise, ce sont eux qui ont mis à l’écart « ti Claude » pour installer Ariel Henry. Ce dernier hérite d’un pouvoir contrôlé par les Américains. Notre dépendance aux Etats-Unis d’Amérique nous prive de nos libertés fondamentales et de nos droits inaliénables. Pour recouvrer notre souveraineté, il nous faut un État stable et fort, capable de protéger les valeurs, les traditions, l’indépendance et la vision nationale, comme le veut la constitution de 1987.

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