Sanctions contre politiciens et hommes d’affaires : Carlos Hercule exige des preuves de la part des pays sanctionneurs

Dans un geste marquant pour la justice haïtienne, le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Me Carlos Hercule, a écrit à quatre pays, le Canada, les États-Unis, la République Dominicaine et le Royaume-Uni, pour demander les dossiers relatifs aux personnalités haïtiennes sanctionnées. Cette action, annoncée lors d’une interview sur Magik9 ce mardi 27 août, reflète la volonté du gouvernement haïtien de prendre en main la gestion des sanctions internationales qui pèsent sur l’élite politique et économique du pays.

Contrairement aux affirmations de l’ancienne ministre de la Justice, Madame Emmelie Prophète, Me Hercule a révélé qu’il n’a trouvé aucune trace de requêtes similaires dans les archives du ministère. Cette absence de documents soulève des questions sur les actions ou inactions de l’équipe précédente concernant ce dossier brûlant.

Les sanctions, imposées par plusieurs nations, ont jusqu’ici été unilatérales, privant certaines figures de la classe dirigeante haïtienne de visas et d’autres privilèges internationaux. Cependant, la France, bien que son ex-ambassadeur en Haïti, Fabrice Mauriès, ait révoqué des visas Schengen pour certains, n’a pas encore reçu de demande officielle du ministère haïtien de la Justice. Le diplomate avait précisé que Paris attendait les décisions de l’ONU et de l’Union Européenne avant d’agir davantage.

En tant qu’ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, Me Hercule comprend l’importance de la transparence et de la rigueur dans de tels dossiers. Son initiative de solliciter les charges et indices des pays sanctionneurs vise à doter la justice haïtienne des outils nécessaires pour une enquête approfondie et rapide. Cette démarche pourrait non seulement permettre de traduire en justice les responsables s’ils sont coupables, mais aussi de rétablir la vérité pour ceux qui seraient injustement sanctionnés.

À l’approche des deux ans depuis que ces sanctions ont commencé à tomber, il est crucial que la justice haïtienne s’empare du dossier de manière formelle. La mise en mouvement de l’action publique repose désormais sur la capacité de l’État à recueillir et à analyser les preuves fournies par les partenaires internationaux. Pour beaucoup, cette démarche est perçue comme une lueur d’espoir dans un contexte où la lutte contre l’impunité reste un défi majeur en Haïti.

L’initiative de Me Carlos Hercule pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les affaires de sanctions internationales sont traitées en Haïti. En insistant sur la transparence et l’efficacité, il semble déterminé à faire la différence dans un dossier qui a longtemps été marqué par l’opacité et les rumeurs. Pour les citoyens haïtiens, c’est une promesse que la vérité, qu’elle soit accablante ou exonérante, sera enfin mise en lumière.