Soutien du BINUH aux projets de Jovenel Moïse, des organisations de la société civile s’inquiètent
Une douzaine d’organisations de la société civile écrivent à madame Helen La Lime ce 4 février 2021. Dans cette lettre ouverte, elles invitent la représentante du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti à démarquer le BINUH des projets d’élections et de réforme constitutionnelle entamés par Jovenel Moïse.
Selon les organisations signataires de cette lettre, soutenir Jovenel Moïse dans ces projets est un acte contraire au mandat du BINUH en Haïti. Puisque cet organe des Nations Unies se doit de renforcer les institutions et le processus de l’État de droit dans le pays, elles attirent l’attention de madame La Lime sur quatre éléments essentiels selon lesquels le BINUH devrait se retracter.
Le premier élément mentionné est l’irrégularité du processus électoral. Ce, du fait que l’actuel Conseil Électoral Provisoire a été mis sur pied en violation de la Constitution haïtienne en vigueur. De plus, n’ayant pas prêté serment par devant de la Cour de Cassation, elles précisent que ce CEP est illégal et disent ne pas comprendre comment le BINUH arrive-t-il à soutenir ce projet d’anéantissement des acquis démocratiques du peuple haïtien.
Plus loin, ces douze organisations parlent de la dislocation du processus de l’État de droit puisque Jovenel Moïse a choisi de ne pas réaliser les élections aux temps impartis jusqu’à ce que le Parlement soit dysfonctionnel. Et depuis, il dirige à lui seul et a déjà publié 41 décrets contrairement à la volonté de la Constitution. Le silence du BINUH sur ce sujet assure un appui indéfectible à l’administration de Jovenel Moïse. Outre cela, le BINUH s’est montré complaisant au pouvoir en place impliqué jusqu’au cou dans des violations des droits humains avec la création du G9 ayant orchestré des massacres un peu partout dans le pays. Tout cela nuit à ces organisations de la société civile qui veulent rappeler au BINUH sa véritable mission.
Et en dernier lieu, elles ont souligné à l’encre forte la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse qui arrive le 7 février 2021, conformément aux exigences de la Constitution et du décret électoral de 2015. Vu que la majeure partie de la population réclame le départ du chef de l’État, ces organisations estiment que si le BINUH se metterait aux côtés des revendications populaires, le président cesserait de violer cette constitution qu’il avait juré de respecter. Pour cela, elles rappellent à madame La Lime que le BINUH doit renforcer l’État de droit qui passe avant tout par le respect de la Constitution.
Ont signé cette lettre une douzaine d’organisations dont le RNDDH, «Nou Pap Dòmi», le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), la Commission Episcopale nationale Justice et Paix (CE-JILAP), le Conseil Haïtien des Acteurs Non-Étatiques (CONHANE) et le POHDH.
Haiti Infos Pro