Les matches de football de première et de deuxième division sont émaillés de violences depuis le début des championnats. Le laxisme de la COCHAFOP conjugué aux motifs malsains des supporters et l’irresponsabilité des dirigeants de club participent à la montée de violence sur les terrains de foot.
La violence dans le football en Haïti est endémique, elle semble être inhérente. C’est un fléau auquel le football haitien est confronté depuis de nombreuses années. Les violences sont physiques (coups, blessures, jets de pierre, projectiles etc.), verbales et psychologiques. Les principales victimes sont les équipes visiteuses et les arbitres.
Sur plusieurs terrains de nos villes de provinces, en première et en deuxième division, les équipes visiteuses sont la proie des supporters locaux qui ne tolèrent pas la défaite. Les arbitres quant à eux sont constamment menacés. Ils sont agressés et injuriés dans l’exercice de leur fonction. Les caprices des supporters planent au-dessus des règles du jeu.
La violence sur les terrains par les supporters, est fonction de plusieurs facteurs. Elle est causée par le classement de leur équipe. C’est- à dire, est-ce que leur équipe joue le titre ou le maintien? Elle est aussi causée par l’enjeu et la physionomie des matches, est-ce que c’est un match vital pour le titre ou le maintien? Au-delà des acteurs de jeu (joueurs et arbitres), les supporters sont un acteur majeur dans le déroulement des matches en Haïti. Ils recourent à toutes sortes de violences pour influencer, voire décider du sort des matches : intimidation des joueurs, menaces contre les arbitres, bagarres entre fanatiques etc.
L’irresponsabilité des dirigeants de clubs en Haïti est palpable. Ils ne s’engagent pas à freiner la violence des fans de leurs équipes. Même si certains d’entre eux pour ne pas perdre la face condamnent parfois certaines dérives, mais la violence exercée par les fans de leurs équipes en disent le contraire.
En dernier lieu, il y a la COCHAFOP. Regorgée de dirigeants de clubs, elle est incapable de sévir avec rigueur contre les clubs fautifs. Les mesures prises par la COCHAFOP ne sont pas proportionnelles aux violences exercées sur les arbitres et les joueurs. La COCHAFOP en ce sens, est amplement responsable des récidives.
En somme, la violence dans le football haïtien est déterminée par les enjeux et les acteurs du secteur. Le jeu comme activité, comme plaisir a perdu de son essence aux yeux des dirigeants, joueurs et supporters. Le format actuel du championnat pose problème, les clubs pour la plupart n’ont aucun objectif à long terme. Les dirigeants de clubs pour la plupart voient dans leur club un espace de pouvoir pour se perpétuer sans se soucier du jeu où du devenir de leurs joueurs. Les supporters, eux, s’en foutent des règles du jeu, tout ce qui leur importe ce sont les 3 points qu’il faut obtenir par tous les moyens. En d’autres termes, la violence dans le football en Haïti est anomique, elle est la résultante d’une société marquée par l’indécence, l’insouciance et surtout l’irrespect des normes, des valeurs et des règles.
Ricot Saintil / HIP