Structurer et renforcer les partis politiques, une nécessité pour l’émergence de nouveaux acteurs

Les structures politiques qui œuvrent actuellement en Haïti ne sont pas suffisamment organisées pour mettre en déroute les velléités dictatoriales de Jovenel Moïse, qui fait une fixation sur le référendum prévu pour le 27 juin prochain.

Les partis politiques qui se réclament de l’opposition ne sont pas bien vus par la population haïtienne. Ils n’inspirent pas confiance. Les principaux chefs de file de l’opposition n’arrivent pas à se mettre ensemble pour porter un message unique, au contraire, ils s’entredéchirent. L’émiettement de l’opposition avec la prolifération des partis politiques facilite plus que jamais la tâche au pouvoir en place qui peut aisément rallier à sa cause des partis politiques bidons pour légitimer ses bêtises.

Aussi insignifiants que puissent paraitre les partis politiques aux yeux de la société haïtienne, ils restent des structures de ‘’partage du pouvoir’’, des espaces de légitimation du jeu politique. Certains partis politiques du pays ont essayé de dégager une idéologie pour se donner une identité allant dans le sens des intérêts du peuple. Ces partis politiques (OPL, FUSION, LAVALAS, RDNP, etc.) ont joué un rôle dans la vie politique haïtienne pendant ces 20 dernières années.

Nous avons assisté à l’émergence de plusieurs hommes politiques qui ont d’une façon ou d’une autre marqué le jeu politique « délétère » du pays. Les principaux leaders de ces structures politiques, au lieu de travailler à la structuration des partis ont préféré de se soustraire aux différents pouvoirs qui se sont succédé, en leur facilitant toujours la tâche dans les moments de crise les plus aigus. Ils s’adonnent à des négociations douteuses, au marchandage et à des distributions de postes. En d’autres termes ils s’associent au pouvoir pour partager le gâteau au détriment des problèmes réels de la population haïtienne.

Les pratiques douteuses des leaders politiques, toujours de connivence avec les pouvoirs ont fini par affaiblir les partis politiques. La politique de copinage, les compromissions, les négociations nocturnes des hommes politiques ont systématiquement été profitables aux gouverneurs. Et, ces derniers au lieu de mettre à la disposition des partis des moyens financiers pour qu’ils puissent se renforcer ont créé leurs propres partis et facilité la prolifération des partis. Aujourd’hui, le caractère institutionnel des partis politiques tend à disparaitre. Pour ses besoins, le pouvoir en place peut décider en un claquement de doigts de créer plusieurs partis politiques. C’est de cette manière qu’aujourd’hui, PHTK parvient à légitimer ses bêtises.

Face aux dérives du pouvoir en place, ce sont les partis politiques qui devraient donner le coup d’envoi de la révolte, face aux velléités dictatoriales de Jovenel, les partis politiques devraient réaliser des débats, organiser des colloques pour expliquer à la population les prérogatives constitutionnelles du président de la République, ses devoirs envers le pays et ses limites dans l’exercice de son mandat. En temps normal, ce devrait être le travail des partis. Malheureusement, nos partis politiques se transforment en lieu de marchandage. Nos leaders politiques ne sont intéressés que par leur ventre et non par le changement des conditions de vie de la population. Le système « peze souse » contre lequel Haïti se bat depuis sa formation sociale, n’a jamais été aussi protégé par un président de la République.

Ce système axé sur l’inégalité sociale, la disparité économique, l’appauvrissement des masses, l’enrichissement illicite et la corruption, a trouvé sa plus grande expression avec Jovenel Moïse. Autant de fois que les partis politiques ne se structurent pas, ne se renforcent pas, les pouvoirs en place continueront à se servir des leaders politiques à leur guise et à les traiter comme des moins que rien.

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