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Témoignages : embrigadés de force dans des bandes armées, des « jeunes innocents » laissent leur peau 

Il n’est un secret pour personne que les chefs de gangs armés qui contrôlent certains quartiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince ou du reste du pays décident comme bon leur semble de la vie des membres de leurs communautés. Ils tuent qui ils veulent. dépendamment de leur humeur, sans aucune forme de procès. Dans la logique de leur « toute-puissance », ces caïds se donnent le droit de choisir qui ils désirent pour faire partie de leurs bandes criminelles, et ceux qui s’y opposent se voient soit maltraités ou tués.

Cette pratique n’est pas l’apanage d’un groupe de gang particulièrement, mais les agissements de toutes les bandes criminelles sur le terrain, qu’il s’agisse de GPEP ou de G9. 

Les récits de jeunes gens  forcés d’intégrer des gangs armés, racontés par des membres de leurs familles, sont multiples ; les uns plus funestes que les autres. Comme celui du jeune Mardochée Jean Pierre (nom d’emprunt) âgé de 19 ans qui habitait un quartier contrôlé par des gangs armés. Mardochée qui a été contraint d’intégrer le gang de Canaan, a été abattu après qu’il s’était retrouvé nez à nez avec une patrouille policière, raconte sa mère Jocelѐne Monpremier. Elle explique que son fils était un enfant respectueux, qui prenait très au sérieux ses études. 

« Un jour des éléments du gang qui contrôle Canaan ont déboulé armes à la main  dans ma maison située au niveau de Canaan 10, pour  me demander à voir mon fils qui revenait à peine de l’école. 

Etonnée et sachant que mon fils ne se mêlait pas à des activités de gangs, je leur ai demandé : pourquoi faire ? C’est alors qu’ils m’ont laissé comprendre que, sous recommandation du général (chef de gangs), mon garçon a été choisi pour intégrer ce groupe à titre de soldat. À cet instant, je pensais à une seule  chose : quitter immédiatement la zone pour éviter que mon fils devienne membre de ce  gang. Cependant, sachant que tout refus serait synonyme de signature de mon arrêt de mort, je ne pouvais qu’accepter, malgré moi, cette proposition », explique  cette dame de 45 ans, qui éprouve des remords d’avoir fait cette concession, sans même tenter de se défendre.

James Saintyl (nom d’emprunt) a vécu une histoire similaire. Sa mère explique que le désormais défunt qui était âgé de seulement 20 ans, a été directement choisi par le numéro deux de la bande à Jimmy Chérisier alias Berbecue pour faire partie de son gang. Elle confie que son  fils a été tué, puis calciné lors  des derniers affrontements entre le quartier de Bel-air et Delmas 6.

Aujourd’hui, ces parents peinent à faire le deuil de leurs enfants tués pour avoir fait partie involontairement de gangs armés qui terrorisent en toute impunité la population haïtienne. Voilà une situation alarmante qui témoigne comme tant d’autres de l’absence de l’État. Si rien n’est fait de manière « organisée » pour mettre fin au règne des bandits, beaucoup de jeunes innocents, non prédisposés à la violence, risquent de perdre leur vie.

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