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Traitements inhumains au CERMICOL : le RNDDH exige des actions immédiates

Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a tiré la sonnette d’alarme concernant la situation critique qui prévaut au Centre de rééducation des mineurs en conflit avec la loi (CERMICOL). Ce centre, qui a pour vocation de réhabiliter les mineurs en conflit avec la loi, est aujourd’hui confronté à une surcharge alarmante et des conditions de détention inhumaines, exacerbées par l’incapacité des autorités haïtiennes à gérer le système pénitentiaire.

Le CERMICOL, conçu pour accueillir cent mineurs, est désormais transformé en un complexe pénitentiaire surchargé, abritant 370 détenus, dont des hommes, des femmes, des filles et des garçons, une situation qui viole les normes de séparation des détenus en fonction de leur âge, de leur sexe et de la gravité de leurs crimes. En plus de cette cohabitation forcée, les mineurs, qui devraient bénéficier d’une éducation et de programmes de réinsertion, se voient privés d’accès à des services de base, tels que les cours académiques, la récréation et des soins adéquats.

Les conditions de vie au CERMICOL se sont également détériorées avec l’adaptation des infrastructures pour accueillir des femmes et des hommes adultes. Les cours, initialement destinées aux activités récréatives des mineurs, sont désormais utilisées par les femmes pour faire leur lessive, sous les yeux des garçons et des hommes, exposant ces derniers à des scènes inappropriées et violant la dignité des détenues.

Les espaces éducatifs ont également été réquisitionnés pour héberger les détenus hommes, privant ainsi les jeunes d’un environnement propice à leur réhabilitation. Jusqu’à la fin de l’année scolaire 2023-2024, aucun cours n’a pu être dispensé, compromettant ainsi la formation et l’avenir des jeunes détenus.

Outre les conditions de détention déplorables, le RNDDH pointe du doigt l’absence de juge pour enfants au sein du Tribunal pour enfants de Port-au-Prince, ce qui laisse de nombreux mineurs en détention préventive prolongée, sans qu’aucun progrès ne soit fait dans leurs dossiers judiciaires. Cette situation aggrave leur marginalisation et compromet sérieusement leurs chances de réinsertion sociale.

Le RNDDH met également en garde contre les risques encourus par cette cohabitation forcée entre les différentes catégories de détenus. L’absence de séparation adéquate entre les hommes, les femmes et les mineurs expose ces derniers à des risques de violences sexuelles et autres abus. Des incidents tragiques survenus dans d’autres prisons haïtiennes, comme celle des Gonaïves en 2019 et en 2023, où des femmes et des filles ont été collectivement violées par des détenus, illustrent les dangers réels de cette situation.

Face à l’ampleur de cette crise, le RNDDH exhorte les autorités haïtiennes à prendre des mesures immédiates. Parmi ses recommandations, l’organisation appelle à :

1) Réaménager la prison civile de Pétion-Ville et y transférer les femmes et les filles pour éviter la cohabitation dangereuse avec les hommes et les garçons.

2)Relancer les programmes éducatifs et de formation vocationnelle pour les mineurs, afin de garantir leur réinsertion sociale.

3) Nommer des juges pour enfants pour traiter rapidement les dossiers des mineurs en détention préventive, afin de respecter leurs droits à un procès équitable.

4) Reprendre le contrôle des prisons tombées sous la coupe des gangs armés et y rétablir l’ordre, en réparant les infrastructures détruites.

Le CERMICOL, au lieu d’être un lieu de rééducation et d’espoir pour les jeunes en conflit avec la loi, est devenu le symbole de la faillite du système judiciaire et pénitentiaire haïtien. Le RNDDH appelle donc à une mobilisation immédiate pour restaurer la dignité des personnes détenues et garantir le respect de leurs droits fondamentaux.

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