Un appel à la « Voix » des artistes pour qu’ils viennent en aide à la population

Quand la barbarie prend une proportion démesurée dans une société, des voix s’élèvent pour forcer les autorités à assurer leurs responsabilités régaliennes. Quand dans un pays, un gouvernement alimente le racisme et la discrimination, des voix de tout acabit s’élèvent pour dénoncer l’irresponsabilité de ceux qui sont chargés d’encourager le vivre-ensemble et à renforcer le lien social. Quand dans une société la démocratie est en péril, que l’insécurité tend à devenir normale, que des groupes armés terrorisent et assassinent la population, des voix s’élèvent pour réclamer justice, pour demander à l’État de mettre tout en œuvre pour réduire au silence les bandits et ramener le calme au pays.

Partout dans le monde, des voix s’élèvent pour condamner, dénoncer, fustiger des actes portant préjudice aux libertés individuelles et aux droits des citoyens. En Haïti, depuis toujours des voix se font entendre quand la société est menacée, quand les droits des plus faibles sont bafoués et surtout quand la politique s’associe aux tyrans pour piller les richesses du pays et enfoncer les masses dans la pauvreté, aujourd’hui plus que jamais, des voix résonnent pour dénoncer le banditisme légal, les assassinats honteux, le kidnapping, la torture et la prolifération des gangs.

Des voix s’élèvent ! On les entend dans la presse, elles s’expriment sur la toile, elles résonnent dans les manifestations, elles sont dans les banderoles, dans les articles, elles s’insèrent dans le quotidien de la population. Plusieurs composantes de la société en ont marre, elles n’en peuvent plus. Elles sont terrorisées, assassinées, martyrisées et marginalisées. Elles en ont ras-le-bol. Paradoxalement, au milieu de ce chaos infernal, des voix se taisent. On reproche au secteur des affaires son mutisme. Certains hommes et femmes politiques sont amorphes, le secteur culturel, particulièrement les artistes musicaux semblent ne pas être préoccupés par les agissements du pouvoir en place, au contraire certains d’entre eux prennent position pour le président de facto Jovenel Moïse, à qui ils ont voué un culte de la personnalité au carnaval national à Port de Paix.

Certaines voix comptent plus que d’autres dans une société. Les voix des artistes, des sportifs, des chercheurs, des hommes politiques, des activistes et de bien d’autres résonnent mieux quand ils décident de se ranger du côté de la population. En Haïti, depuis quelques temps, la population attend des artistes qu’ils viennent renforcer la lutte contre les dérives démocratiques, qu’ils chantent contre l’arbitraire, le népotisme, le clientélisme, l’impunité et l’insécurité comme le faisait Lòlò et Manzè de Boukman Eksperyans. La population attend et espère que les artistes prennent leurs responsabilités pour l’aider à crier à tue-tête :  » Aba diktati, Aba kidnapin, Aba enpinite, Viv demokrasi, Viv lajistis, Viv yon demen miyò ».

Bouton retour en haut de la page