Guerre dans la Plaine du Cul-de-sac: un massacre inouï, 148 morts enregistrés, selon le RNDDH

Les gangs de « 400 Mawozo » et « Chen mechan » ont entamé une guerre armée dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 avril 2022. Depuis, des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs maisons dans la Plaine du Cul-de-sac pour échapper à l’assaut des bandits. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a publié, ce mardi 10 mai 2022, le rapport préliminaire d’une enquête diligentée sur cette situation. La structure rapporte avoir recensé au moins 148 personnes assassinées, dont 7 bandits, ainsi que 81 maisons et 57 véhicules incendiés.

Avant de rentrer dans les détails, le RNDDH a fait l’historicité des gangs « chen mechan » et « 400 mawozo », dirigés respectivement par Claudy Celestin nommé également Stevenson Pierre alias « chen mechan » et Wilson Joseph alias « Lanmò 100 jou ». À eux seuls, ils contrôlent Tabarre et toutes les communes de l’arrondissement de Croix-des-Bouquets, excepté Cornillon. Et la guerre déclarée entre eux en avril dernier est pour le contrôle de territoire situé notamment dans le voisinage de Butte Boyer, cette zone autrefois dirigée par un chef de gang qui a été arrêté, et ses soldats ont rejoint la base « 400 Mawozo ».

Dans le cadre de cette enquête, le RNDDH déclare avoir rencontré au moins 97 personnes membres de la population et des autorités judiciaires dans la Plaine du Cul-de-sac. Il a recensé 148 personnes assassinées, dont la majorité à Butte Boyer et parmi lesquelles figurent 7 soldats du groupe « chen mechan », exécutés par le chef lui-même. Certains des cadavres ont été calcinés soit en même temps que leurs maisons, soit dans les rues, a écrit l’organisme de défense des droits humains. Un total de 81 maisons ont été réduites en cendres. Parmi elles, 51 se trouvent à Carrefour Djo et à Santo.

De plus, le RNDDH dit avoir dénombré 57 véhicules incendiés notamment à Carridor Djo et à Santo 2. Quant au système judiciaire dans la Plaine du Cul-de-sac, les activités sont totalement paralysées dans le Parquet de Première Instance (TPI) de ce ressort. Par contre, Me Roosevelt Zamor, le Commissaire du gouvernement, affirme avoir mis l’action publique en mouvement contre les responsables de ces actes répréhensibles.

Dans ces atrocités, le RNDDH rapporte que des chars blindés de la Police ont transporté plusieurs bandits armés issus du « G9 an fanmi e alye », dont Barbecue, leur principal chef, pour donner renfort à « chen mechan ». Ce qui a un peu repoussé « 400 Mawozo » qui, toutefois, n’a pas abandonné les zones déjà conquises.

De nombreuses familles, s’étant barricadées chez elles, ont fait face à une grave crise humanitaire caractérisée par le manque d’eau, de nourriture et d’électricité, croyant que cela ne durerait pas. D’autres ont été contraintes de se rendre chez des proches, sur la place publique de Clercine et « Kay Castor », un établissement scolaire. De même, certaines personnes ont été obligées de se refugier à l’Arcahaie, dans les départements du Nord et du Centre, a rapporté le RNDDH. Par contre, un calme apparent a été enregistré dans les zones de guerre depuis le 6 mai dernier, permettant à des habitants qui avaient abandonné leurs maisons d’y retourner.

Fort de tout cela, dans le rapport partiel de cette enquête, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) recommande aux autorités de l’État de mettre fin à la protection des gangs armés, au trafic illégal d’armes à feu et de munitions mais aussi à la politisation de la Police Nationale d’Haïti (PNH). De même, elles doivent enquêter sur les policiers qui seraient de mêche avec les gangs, de reprendre le contrôle total du territoire, de mette fin au règne de l’impunité et surtout, de protéger la population.

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