26ème Anniversaire de la PNH : l’institution policière est-elle menacée d’effondrement?

La rébellion policière, la crise d’autorité au sein de la hiérarchie de la PNH, les attaques armées contre des installations de l’institution, le désistement dans les rangs de certaines unités fragilisent l’avenir de l’unique force armée civile d’Haïti. D’aucuns pensent que la PNH est sur une pente dangereuse.

À l’occasion du 26ème anniversaire de la Police Nationale d’Haïti, le directeur général, a.i. Léon Charles, a clamé haut et fort que la PNH survivra et vaincra les épisodes difficiles. Pourtant, les récents événements ont tendance à compromettre le futur d’une institution qui a déjà traversé plus d’un quart de siècle. Dans la nuit 6 juin, des installations de la PNH ont été attaquées par des hommes armés fédérés au sein du G-9, dirigé par un ancien policier, Jimmy  »Barbecue » Cherizier. Selon le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), huit policiers ont été assassinés, au moins cinq postes et antennes ont été saccagés et des munitions ont été emportées par les bandits.

Le corps policier n’est plus redoutable, constate-t-on. Des agents des unités spécialisées dont le Corps d’intervention de maintien d’ordre (CIMO), la Brigade d’opération et d’intervention départementale (BOID) et le bataillon d’élite de SWAT Team ne font plus craindre les bandits.

À l’aune des 26 années d’existence de la PNH, l’heure est au bilan. Vendredi 11 juin, lors d’une soirée de réflexion dédiée à la célébration 12 juin, le numéro un de la PNH, Léon Charles, a appelé à serrer les rangs pour adresser les défis. Il a concédé sur le fait que l’institution a profondément été transformée au cours de ces dix dernières années.

Léon Charles qui a été aux commandes de la PNH en 2004, une période de grands soubresauts politiques, se souvient des crimes organisés, des actes de kidnapping, des assassinats en série qui ont secoué le corps. Ces derniers jours, avec les cas de policiers ripoux, d’agents de l’ordre incorporés dans des gangs, de flics qui rançonnent des citoyens, les lignes ont bougé et l’image de la PNH a été écornée.

Au-dela des crises internes, la PNH doit également s’adapter à une société totalement métamorphosée. L’urbanisation sauvage des communes, l’exode rural massif, l’absence de services sociaux et la dictature du chômage ont exacerbé des besoins et généré des zones rouges, évoquent des avisés.

Les événements du 12 mars 2021, à Village-de-Dieu marquent un coup de semonce dans le désengagement de certains policiers à servir la population. Selon le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), huit policiers ont été assassinés et humiliés par des civils armés dirigés par le nommé Izo. Des images de policiers lynchés, des matériels de la PNH portés en triomphe ont scandalisé l’opinion. En guise de révolte, certains agents de l’ordre ont manifesté l’intention d’abandonner l’institution pour embrasser d’autres champs professionnels.

Au-delà des défis structurels, la PNH est confrontée à une crise de leadership, a souligné le Syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPNH-17). L’institution est morcelée par des groupuscules dont le ‹‹Team Léon Charles›› et les ‹‹All Black›› qui vouent fidélité et obéissance au chef. Ces indicateurs mettent en cause le haut-commandement du corps, incapable de créer l’harmonie nécessaire au progrès de la PNH, déplore le coordonnateur du SPNH-17, Jean Elder Lundi.

Des chiffres accablants sur la direction de l’administration de Léon Charles ne font que menacer certains acquis. Trente-deux policiers sont assassinés sur le règne de l’actuel DG.

Dans l’intervalle, des commissariats, des antennes et postes de police, symbole de l’autorité de l’État, sont encore sous le contrôle des seigneurs de la terreur. À Port-au-Prince, l’hégémonie des gangs armés effraye, la PNH ne rassure plus dans la perspective d’un destin prometteur.

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