André Michel se parjure, change de bord politique, oublie les victimes des massacres

On aura tout vu et tout entendu en Haïti. Aujourd’hui, les membres du Secteur Démocratique et Populaire (SDP) qui suivent la trace de Jovenel Moïse en s’alignant aux côtés de Reynold Deeb. Hier, Youri Latortue qui a dansé avec Myrlande Manigat et qui s’est joint par la suite à Michel Martelly, qui a supporté Jovenel Moïse avant de passer dans l’opposition avec lui pour ensuite rejoindre Ariel Henry et Joseph Lambert qui, pourtant, veulent chacun une chose différente. Enfin, André Michel qui change de chemise et voit le Premier ministre Ariel Henry, malgré son caractère de facto, comme le sauveur qu’il faut au pays.

André Michel ne jurait que par la chute de Jovenel Moïse. Selon lui, il n’avait rien de personnel avec le personnage, mais plutôt avec sa politique, son régime et sa gestion de l’État. Pourtant, l’assassinat de l’ancien président semble jouer en faveur de «Avoka pèp la» qui trouve maintenant nécessaire de changer de chemise et de prendre place dans le bateau « Ariel Henry », choisi par Jovenel Moïse.

Cependant, André Michel avait clairement écrit, au nom du SDP, qu’Ariel Henry n’a pas les compétences légales pour diriger le pays. Aussi, il avait martelé que quiconque se porte garant pour des négociations ne doit le faire qu’avec Joseph Mécène Jean Louis, le pauvre, puisque c’est lui «le président désigné de la transition». Sans Me Mécène Jean Louis, le SDP, qui l’avait pourtant choisi, abandonne la cause et s’est invité aux festins de M. Henry pour ensuite déclarer que la magistrat de carrière reste en réserve de la République.

Également, faut-il le rappeler, le neuro-chirurgien devenu Premier Ministre avait promis de poursuivre les chantiers lancés par son parrain (Jovenel Moïse), à savoir le référendum et les élections dont le SDP croyait impossible dans des conditions socio-économico-politiques aussi précaires. Aussi, les prisonniers politiques, notamment Arnel Bélizaire et consorts, Abelson Gros-Nègres, etc., sont toujours écroués sous les verrous malgré que leur libération était une condition sine qua non pouvant amener le SDP sur la table du dialogue.

Qu’est-ce qui a pu bien changer? Qu’y-a-t-il de nouveau qui pourrait pousser le Secteur Démocratique et Populaire (SDP) à abandonner sa position et la bataille enclenchée depuis belles lutettes avec les militants du Champ-de-Mars? Qu’en est-il de Ti Badio, «Ti Blan Tatou», Grégory Saint-Hilaire, les victimes des massacres de Bel-Air, La Saline, Delmas 32, etc.? Ils ont tous déjà eu justice? L’avocat du peuple les avait-il représentés?

Il l’avait promis, «ane sa a pral move anpiiiil». Mais personne n’avait jamais osé imaginer que ce serait en ce sens. Si Jovenel Moïse le pouvait, il sortirait de sa tombe pour voir son ennemi juré assis à la table d’Ariel Henry, muni de sa plume, d’un air plutôt serein, signant son accord. Pour qui? La réponse demeure pendante. Et Haïti dans tout cela?

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