Drame : Témoignage glacial d’un des journalistes sauvés de justesse dans l’attaque armée à Cité Soleil

Kidnappings, fusillades, massacres, exécutions sommaires, font partie du quotidien des Haïtiens depuis quelques temps. Quand ce n’est pas un anonyme, un médecin ou un avocat, c’est un journaliste dont le travail consiste à rapporter au grand public les faits saillants de l’actualité qui est directement touché par ces phénomènes corollaires au grand banditisme qui bat son plein dans le pays ces derniers temps.

Suite à la nouvelle relative à la mort par une balle à la tête de la jeune Christelle Delva âgée seulement de 17 ans, promue en classe de la Philo, au milieu du marché de la commune de Cité Soleil au moment où elle effectuait l’achat des fournitures scolaires en perspective à la réouverture des classes prévue le 3 octobre prochain, un groupe de 7 journalistes travaillant pour des médias en ligne se sont rendus, dimanche dernier, à Cité Soleil, en vue de réaliser une interview avec la mère de la victime habitant dans le quartier de Brooklyn. Ils étaient loin de penser que deux des leurs allaient subir le même sort aux mains des bandits sans foi ni loi, qui font la pluie et le beau temps là- bas.

« Nous étions 7 journalistes travaillant chacun pour le compte d’un média en ligne à nous rendre à Cité Soleil en vue de réaliser une interview avec la mère de Christelle Delva. On n’a eu aucune difficulté à l’aller, sauf qu’on a dû traverser des marécages et de tonnes de boues pour accéder à cette maison », raconte un journaliste qui faisait partie de la délégation.
« Sur le chemin du retour, comme nous étions à bord de quatre motocyclettes, Frantzsen Charles et Tysson Lartigue ont décidé de prendre la tête de la délégation, tout allait très bien jusqu’à ce qu’on arrive à proximité de l’hôpital sans frontière. À ce moment-là, quatre hommes armés jusqu’aux dents sortent de cet hôpital et se mettent soudainement à tirer en direction des journalistes se trouvant au premier rang de cette délégation, comme s’il s’agissait de leurs véritables ennemis dûment identifiés », raconte ce survivant, affirmant avoir pu constater le corps des deux journalistes sur le sol. « Puisque quelques mètres me distanciait d’eux, en apercevant ma présence, ils se tournaient vers moi pour répéter la même action, c’est alors que d’un geste brusque et soudain, je me suis lancé vers un espace abandonné rempli de tout sorte d’arbres pour sauver ma peau », poursuit ce jeune journaliste, indiquant que les bandits ont emporté sa motocyclette à leur départ.

« Je suis retourné sur les lieux du crime peu de temps après. J’y ai constaté des traces de sang, sans le corps des journalistes », précise-t-il, rappelant qu’il est dans la pratique des gangs de brûler les cadavres de leurs victimes.

Frantzsen était étudiant à l’ISNAC et travaillait pour le média en ligne FS News. Tayson Latigue, quant à lui, était propriétaire de son média web dénommé « Ti Jèn Jounalis ». Il faut noter que Tayson Latigue est décédé à la même date que son père qui a été assassiné lui aussi par balles le 11 septembre 2005, selon des proches de la victime.

Depuis plusieurs mois, Cité Soleil connait une situation de tension née de la guerre que font les coalitions de gangs GPEP et G9 pour le contrôle du plus vaste bidonville du pays. Devant cet acte barbare, le journaliste Robeste Dimanche met en cause la précarité des médias traditionnels en Haïti obligeant certains jeunes journalistes, parfois sans expérience, à s’aventurer sur des terrains hostiles en vue de satisfaire l’appétit de nouvelles à sensation de certains responsables de prétendus médias en ligne qui, pour la plupart, vivent à l’étranger.

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