Martissant et le silence complice des autorités huit mois après

Mardi 1er juin 2021, jour funeste et inoubliable tant pour les habitants de la 3e Circonscription de Port-au-Prince que pour ceux de la partie Sud du pays. Cette date marque le début de la guerre inter-gangs entre Grand-Ravine, Village de Dieu et Tibois. De juin 2021 à févirer 2022, cela fait déjà huit mois depuis que les affrontements s’intensifient, les cadavres s’empilent, les déplacés souffrent, les écoliers sont privés d’écoles et les hauts placés de l’État, incapables, inactifs ou complices, nient totalement la fragilité de la situation par leur silence.

Qu’il s’agisse de l’ancien Président défunt Jovenel Moïse, de Léon Charles, ex-Directeur Général a.i de la Police ou de Claude Joseph, ancien Premier Ministre, la réalité de Martissant n’a jamais été « La priorité ». Si des milliers de personnes ont été contraintes d’abandonner la zone depuis ce 1er juin, alors que les bandits armés s’affrontent, pillent et brûlent les entreprises et les maisons, assassinent les passants et détrounent des camions quotidiennement, l’État, de son côté, semble avoir mieux à régler. La preuve, l’arrivée d’Ariel Henry au timon des affaires ainsi que l’accession de Frantz Elbé au plus haut niveau de la Police n’ont rien changé, sinon que les choses ont empiré.

Huit mois après, toujours pas de répit. « Pase Matisan toujou difisil ». Nuit et jour les balles sifflent. Des enfants en bas âge et des adultes se font tués par des balles perdues. Les écoles et les églises sont restées fermées. Disparition totale de toutes les entreprises dans cette partie de la capitale. Huit mois après, les bandits n’ont jamais manqué de munitions, sans compter qu’ils se sont procurés des armes de très grand calibre. Qui sont ces bras qui les alimentent? Quel rôle jouent les élites économiques dans cette guerre vu qu’elle renforce le transport maritime et aérien et affaiblit les petits commerces? Qu’en est-il des élites politiques? Quid des autorités en place, qui brillent par leur silence assourdissant?

Pour combien de jours, voire de mois encore, les habitants de Martissant et de Fontamara vont devoir rester loin de chez eux? Et ceux devant emprunter la Route Nationale #2, vont-ils continuer à risquer de passer par St Jude, ce tronçon tout aussi dangereux? À quand le retour de la paix et de la vie dans les quartiers de Martissant? À quand une responsabilité citoyenne visant à forcer l’État à prendre ses responsabilités pour garantir le droit à la vie, à la liberté et à la libre circulation des Haïtiens?

Les jours sont noirs. Les cœurs pétris. Martissant reste toujours un danger tant pour ses habitants que pour les passants probablement pour le reste de l’année et des années à venir. Et l’inaction des autorités de l’État montre qu’elles n’ont vraiment pas la volonté de se pencher sur le problème, sinon que d’en trouver une solution comestique. Faut-il se fier aux soupçons laissant croire que le gouvernement aurait soudoyé les gangs pour prendre une pause, question de faciliter la réalisation du carnaval de 2022? Haïti, c’est le pays où l’impossible est possible.

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