« De la révolution conservatrice par décret : l’expérience politique haïtienne du 17 octobre 2019 au 7 février 2021 », selon Hancy Pierre

L’expérience politique haïtienne du 17 octobre 2019 au 7 février 2021 est inédite, pour avoir compté un nombre important de décrets édictés dans le sens d’un revirement du système politique déjà institué, en modifiant ainsi le corpus juridique haïtien. Déjà de janvier 2019 à décembre 2020, la publication de lois, décrets et arrêtés a considérablement bondé. Des recherches dans le journal officiel de la République d’Haïti Le Moniteur ont révélé, si entre le 3 janvier et 10 décembre 2019, une loi, 71 arrêtés avaient été publiés, entre le 22 janvier 2020 et le 9 décembre 2020, l’on compte 1 loi, 41 décrets et 120 arrêtés publiés. Si en 2019 fonctionnait un Parlement, en 2020 ce dernier devient dysfonctionnel. Aussi des changements ont-ils été opérés au niveau de l’administration et de la diplomatie haïtienne, et les textes publiés en 2020 créent de nouvelles institutions (Le Nouvelliste, 28 décembre 2020). Toutefois le débat ne porte pas sur la constitutionnalité ni la légalité des actes associés à la promulgation des décrets ou arrêtés en question. Le point central de notre démarche, dans le présent article, consiste à faire le constat de la marche d’une “révolution conservatrice “en Haïti dans le cadre de l’expérience politique allant du 17 octobre 2019 au 7 juillet 2021.C’est une conjoncture qui a marqué l’assurance du pouvoir politique en place affecté mais maintenu face à de grandes convulsions, agitations et mobilisations de rue à portée insurrectionnelle. Le moment de l’après 12 janvier 2020, qui coïncidait avec le renvoi du parlement haïtien dont le président avait constaté la caducité, avait renforcé alors la tendance d’un présidentialisme fort en développement.

Le tournant de la conjoncture politique laisse planer le spectre d’une révolution conservatrice mise en route ce, au regard du projet de référendum d’une nouvelle constitution à régime présidentialiste dominant, tout en convoitant l’option d’un parlement monocaméral aussi bien que de changements profonds qui limitent la participation citoyenne et l’exercice de la décentralisation. L’adoption éventuelle d’un nouveau code pénal publié le 24 juin 2020 et qui sera appliqué en 24 mois (Le Nouvelliste, 2 juillet 2020, 16 juillet 2020) est aussi encline à renverser une longue tradition, malgré quelques touches de garantie pour le respect face à l’orientation sexuelle des individus-citoyens, voire la reconnaissance des possibilités de changement d’identité tel que le prévoit le décret portant sur la carte d’Identification Nationale Unique (Le Nouvelliste, 16 juin 2020).En effet, le titre “ la révolution conservatrice par décret : 17 octobre 2019 au 7juillet 2021 “est inspiré d’un ouvrage de Dirk Kruijt(1991) à propos du Pérou de Velasco de 1968 à 1975, un gouvernement plutôt progressiste issu d’un coup d’Etat militaire. “La revolución por decreto: Perú durante el gobierno militar” soit le titre original de l’ouvrage en question. Ce qui serait traduit par : “la révolution par décret : Pérou durant le gouvernement militaire”. Aussi, pour compléter la démarche, nous sommes-nous partis de l’expérience de la présidence de Ronald Reagan aux Etats Unis (1980-1988) au cours de laquelle des intellectuels ont approprié le concept de révolution conservatrice malgré l’association disparate (Lopez, 1988).

Beaucoup de réactions fusent pour caractériser le pouvoir politique du 17 octobre 2019 au 7 février 2021 en Haïti. On parle de dictature ou d’une démocratie. Le pouvoir et l’opposition veuillent sortir de la Constitution et du régime politique en place depuis 1987, on ignore encore si les événements à venir accoucheront de la réaction ou de la révolution », pour décrire les changements qui s’annoncent dans le système politique haïtien. Ainsi avons-nous qualifié le pouvoir de Bonapartisme ancré dans une révolution conservatrice. En voici les principales caractéristiques du Bonapartisme selon Casà (1976).

La première caractéristique renvoie à un régime bureaucratico-militaire émergeant d’une confrontation de forces de classes ouvertement antagoniques avec des issues incomplètes.

La deuxième vient introduire le paramètre de l’appui de la police, des militaires et de l’appareil administratif. En effet, le pouvoir en exercice eut à mobiliser à outrance les forces policières, militaires, paramilitaires et pour reprendre l’actuel président du Sénat dans sa prestation à l’Emission “l’Invité du Jour” qui attire l’attention de la population sur l’appui à de gangs d’Etat qui dictent même des changements de deux ministres du gouvernement (Vision 2000, 4 février 2021).

La troisième est liée à la concentration du pouvoir au niveau du chef de l’exécutif à son extrême limite non comme représentant d’un secteur mais comme le sauveur de la nation. C’est l’homme-président qui se charge du destin de la nation (après Dieu était la formule utilisée par le chef de l’exécutif en conséquence). Selon ce que rapporte Roberson Alphonse, le président le dit en public et l’assume, “après Dieu personne n’a plus de pouvoir que lui sur la terre de Dessalines” (Le Nouvelliste,24-7-2020). Il renchérit de la sorte “Moi je vous dis que -peuplement -parlant, mon mandat se termine le 7 février 2022” (Le Nouvelliste, 7-9-2020).

Puis, les partis politiques et syndicats, le congrès sont devenus insignifiants. Quant à la cinquième caractéristique, elle concerne le fonctionnement des appareils de coercition de l’Etat en lieu et place d’une gestion du gouvernement basée sur le consensus de la population. Les appareils répressifs sont surtout utilisés pendant qu’on fait miroiter des projets de dialogue. De diverses commissions de dialogue ou d’Etats généraux mis sur pied n’ont accouché d’une souris. Toutes les unités de la police interviennent au moindre exercice de libertés civiles et du droit à la manifestation. Il s’agit des unités telles que (USGPN, BOID, agents de Garde de cotes, BLTS, SWAT, UDMO, CIMO, BIM). Un corps nouvellement crée au ministère de l’Environnement, La Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) est vivement acculée et reprochée pour des agissementsen dehors de ses attributions, en jouant irrégulièrement le rôle de maintien d’ordre. De plus en plus se déploient des unités des forces armées d’Haïti remobilisées dans des opérations conjointes avec les unités de la Police Nationale haïtienne. La dernière caractéristique se définit dans l’assujettissement aux intérêts des classes dominantes. Cependant le pouvoir se donne des marges d’autonomie par rapport auxdites classes dominantes malgré qu’il ait été à leur solde et subordonné aux intérêts de l’impérialisme.

Le contrôle direct des ressources économiques est un atout dans une économie de rente pour se mettre au-dessus de la mêlée par rapport aux classes dominantes ou de ses fractions les plus puissantes. Entretemps, le pouvoir s’en prend contre de fractions puissantes de l’oligarchie économique jusqu’à dénier leur influence malgré le poids de leur financement à sa candidature.C’est la marche vers l’anéantissement de l’Establishment pour assurer l’amélioration de conditions de vie du peuple haïtien. Dans le 5e numéro de « Dialogue communautaire » du dimanche au palais national, le président déclare ce qui suit « Ce qui arrive aujourd’hui n’est pas possible. Quelque cinq à six personnes décide qu’elle est à elles seules l’Haïti Thomas ». Malgré les supports bénéficiés du secteur privé, il veut prendre son indépendance à savoir : » C’en est assez l’Etat est transformé en vache à lait. Ils financent les candidats pour en faire par la suite les chefs de doublure si vous m’avez financé, aujourd’hui, je vous demande de couper la main qui m’a donné de l’argent. Parce que la politique qui doit être appliquée dans le pays doit être celle du peuple, celle des démunis, a assené le chef de l’Etat (Le Nouvelliste, 2020-09-07).

Il a été évoqué, par le chef de l’exécutif lui-même, pour clarifier sa position et ses préoccupations, ce qui suit à savoir “Il y a en Haïti une « démocratie à la Jovenel », selon le président Moïse (le 2020-12-14 | lenouvelliste.com).C’est la course à la promotion du culte de paternalisme en identifiant, par un tour d’introspection, les besoins de la population de qui le président veut le bien être.Dans la Constitution de 1987, les besoins transformés en projet de développement sont issus du travail des assemblées comme étant une base de participation citoyenne. C’est par ce mécanisme, les budgets sont préparés, les juges sont choisis ainsi que les membres du Conseil électoral permanent. Aussi dans le cadre de la représentation du peuple, le parlement exerce -t-il un pouvoir de contrôle selon les vœux de laquelle constitution. C’est cette constitution qui soit paradoxalement identifiée comme source de corruption et d’instabilité politique dans le pays. Ce qui tend à un revirement de l’histoire par rapport à une modification importante du corpus juridique lié au système politique en vigueur.

Pour revenir à la question de la révolution conservatrice, dans le cas de l’expérience de Reagan comme modèle concret à notre analyse, c’est la nostalgie d’une Amérique qui n’a jamais existé, soit l’Amérique des années 1950 qui n’était pas retournée pour autant. Il a été prôné la rébellion contre l’Establishment, il est question de déloger l’establishment dans toutes ses versions. C’est la marche vers une deuxième révolution américaine en voulant détruire le big government et combattre le New Deal. C’est aussi la restauration radicale du capitalisme et le réarmement militaire de l’Amérique. Paradoxalement il s’inspire des bolcheviques russes dans la discipline. Pour lui, les révolutions ne s’improvisent y inclus dans la démocratie la plus puissante du monde pour différents que soient les idéaux, les vieilles règles que découvre et applique Vladimir Lenin. Les Bolcheviques du conservatisme américain n’auront pas fait irruption dans l’arène du pouvoir sans un long chemin préalablement imbriqué d’une idéologie , soit un travail de conspiration et associé dans des alliances tout comme les révolutionnaires russes, son assaut au pouvoir fut possible dans la conjonction stratégique de conditions objectives et de facteurs subjectifs du mécontentement populaire avec l’organisation d’une avant-garde illuminée par une idéologie et armé d’un programme adéquat.

En Russie d’Octobre, ce fut une minorité audacieuse inspirée de ses propres prophètes qui parviennent à articuler les opportunités d’alliances qui ont conduit a la victoire insurrectionnelle, les rôles pour ouvrir un pas à une force sociale et une idéologie émergentes. L’offre révolutionnaire du Reaganisme obéit aux conduites de l’ambiance désorganisée avec Carter. Il s’inspire de l’expérience russe pour un assaut du pouvoir en référence à Trotski et Antonov Ovseenko (Lopez, 1988 :40) qui ont dirigé l’insurrection de Petrograde.La première bataille fut de libérer du parti les vieux du GOP politiques et hommes d’affaires à partir de la base de la machine électorale. L’infiltration au sein du parti est le fruit d’un long travail ce, depuis 1964.Des intellectuels conservateurs sont sollicités par le parti alors. C’est un cocktail de marxistes convertis et d’ex-démocrates, des intellectuels isolés soit une avant-garde multi facétique ex-trostkiste et la nouvelle génération de conservateurs, des vieux et pacifiques conservateurs, associés aux guerriers de la guerre froide de militants ex trotskistes, marxistes convertis, transfuges ou dissidents des files des libéraux.

La lutte contre l’establishment est cruciale ce qu’il appelle le « système secret ».Des membres influents du big Business ont collabore comme William Simon, un stratège clé, président à la fondation Olin, plus puissante de Ford et comparable à la Rockefeller.Il a participé dans la conspiration très sophistiquée de la révolution de droite (ibid, p46).Joseph Coors et autres magnats du sunbelt qui a érigé la machine Olin.La Fondation Heritage est aussi de la partie. Regan se vante le fait de pouvoir lire seulement 2 pages de Magazine Reader ‘s Digest. Il admet sa paresse intellectuelle (ibid,p 47) malgré cette grande capacité de transformer des idéologies en mythes. De l’utopie à la nomenklature , une importante avant-garde provient de marxistes repentis. Georges Nash aussi la référence à Guuseppe Mazzini inspirateur de Bakunin, Marx. Nash définit alors la révolution conservatrice par une « philosophie d’action ».L’art de la révolution n’a pas de frontières idéologiques (p49) d’où un assemblage de penseurs. La guerre contre l’empire du mal ; et une théologie du libre commerce. Les points importants sont la corruption morale, l’opprobre bureaucratique et l’ennemi communiste. Il s’inspire de Willliam Burckley en 1955 dans la revue « Nation review » qui initie à la Iskra de Lenin comme facteur de groupes rebelles (ibid, p50) et porte étendard du mouvement idéologique dans une philosophie disparate.

En référence à Ronald Reagan, celui-ci voudrait détruire le Big Government et le New Deal ”. C’est du renouveau, tel qu’il a défini. C’est aussi un discours contre la bureaucratie. La technique Agit-Prop est priorisée. Il donne l’illusion de parler du dehors de Washington. C’est le talent d’un agitateur rebelle que celui d’un homme d’Etat. D’où la dialectique d’un outsider paradoxalement appuyé par de millionnaires comme gouverneur de Californie.La rhétorique de révolution conservatrice partie de l’expérience de Ronald Reagan a tenu compte de la posture d’outsider de ce personnage politique. Quant à l’Establishment qu’il en voulait voir l’extinction (Lopez, 1988 :38). Il évoque l’idée du “Parti de Dieu”. Cette “posture” s’est basée de mythes dans l’économique et le politique entre autres.

Il s’agit aussi de l’histoire de “self made man” à partir de laquelle on a pu fabriquer des rêves qui dessinent l’idéologie américaine des années 1940 et 1950 mais aussi associée à l’Ecole de Chicago inscrites dans la pratique d’un catéchisme en support au néolibéralisme économique. Dans le cadre de l’expérience de Reagan,Il y avait un message subliminal dans l’expression du vieux, optimiste, jovial et extraverti dans un subconscient collectif pour donner vie aux mythes de “American way of life”.Aussi , il est question de combattre la révolution des hippies des années 1970 . C’est un discours prophétique qu’avait Ronald Reagan soit la formule “A time for choosing”. Le communicateur change des idéologies en mythes. Il projette et prêche une rupture historique avec l’idéologie libérale qui avait prédominé à Washington même avec des Républicains depuis le New Deal. Il a plutôt soutenu, durant sept années, des indices insolites de popularité. La force de son charisme a joué, suffoque des contradictions de ses arguments dans leur majorité un discours tacheté de mensonges et de démagogie. Il a vendu une idéologie transformée en mythes et les mythes ne sont pas de mensonges. Ce sont des fictions qui agissent avant la fin de son mandat avec l’humiliation de l’Iran contre les Américains.

Dans l’expérience du 17 octobre 2019 au 7 février 2021, c’est la nostalgie de la période de la dictature des Duvalier qui domine les discours. La promotion des droits humains devient un accroc aussi bien que l’exercice de la démocratie et de la participation. Autrefois, primaient l’ordre et la sécurité dans le cadre d’un régime dictatorial avec un président autoritaire et fort-point besoin de le préciser Les oligarques cristallisent l’establishment en Haïti et dictent les décisions politiques en ayant une constitution taillée sur mesure par rapport à leurs intérêts. La Constitution de 1987 est un pacte de corruption entre des groupes de gens dans le pays. La Constitution de 1987 sur laquelle a prêté serment Jovenel Moïse, en tant que président de la République, n’a pas échappé, une fois de plus, aux virulentes critiques au moment de prononcer, le samedi 1er mai 2021, son discours d’inauguration du barrage de Marion, situé à Grand-Bassin, dans le Nord-Est. Jovenel Moïse, voulant (re)démontrer le bien-fondé de sa volonté et démarche visant le changement de cette Constitution, affirme que celle-ci est un « pacte de corruption » favorisant de petits groupes de gens dans le pays. Définitivement la Constitution de 1987 ne trouvera pas grâce aux yeux du locataire du Palais national. « Le pays est ingouvernable avec cette Constitution sur laquelle j’ai prêté serment. Si vous voulez vraiment changer ce pays, il faut changer cette Constitution ». Dans un article de Ayibo Post ” les troublantes similitudes entre le régime des Duvalier et l’administration de Jovel Moise (Hermogène et Baeriswyl,12 février 2021), il a été stipulé que, l’autoritarisme est dans nos murs car la plupart des faits marquants de l’administration en place rappellent les temps sombres des Duvalier.

Les types d’interpellation comme “après Dieu” en sont bien révélateurs, en termes de caricature fondamentaliste ancrée dans une vision politique mais jusque-là hybride. Le langage du représentant de l’exécutif est de type agitateur ; ce, pour acculer les représentants de l’Establishment qu’il étiquette d’oligarques. Il fustige les acteurs liés au processus de changement de 1986. Il en profite pour attaquer la constitution de 1987 comme étant exclusivement en désavantage contre le groupe socio politique, des Duvaliéristes dans son article 291. Ce qui aurait renvoyé à une logique de restauration en lien à un néo- Duvaliérisme.
Dans une stratégie inédite dénommée « Caravane du changement », il a été défini une orientation spéciale de la présidence en dehors de son programme de campagne. C’est la restauration d’une Haïti jugée ruinée du point de vue du leader qui se comporte en” outsider “ avec un sentiment de rebelle. Il donne l’impression de quelqu’un qui parle du dehors de la bureaucratie de l’Etat.

Pour clore provisoirement, il y a lieu de rappeler que la révolution conservatrice se définit dans le revirement radical par rapport aux principes immuables dans la diplomatie, au code pénal, entre autres. Une nouvelle constitution est en chantier dont le projet anticipe déjà des changements radicaux dans le régime politique. En qualité d’Outsider, il a agité des mythes politiques, par exemple l’idée d’une participation pré- fabriquée d’un tiers de femmes au parlement a été évoquée pour 35 communes (Le Nouvelliste,10-3-2020). Pour ce qui concerne des mythes économiques, ils concernent la baisse du dollar, l’utilisation d’une devise unique de référence, la fixation du plafond du taux de profit à 15% dans une économie libérale, la fascination de contrôle des prix sur le marché, les initiatives d’accès au crédit aux masses, la libéralisation du secteur l’énergie, la nationalisation du commerce du pétrole. Finalement, dans le culturel, s’introduit le mythe de la promotion du carnaval comme facteur d’inclusion, de développement économique et de décentralisation dont les plus récentes contredisent bel et bien.

L’outsider de l’expérience haïtienne du pouvoir du 17 octobre 2019 au 7 février 2021 avance à tâtons avec une administration dépourvue de « ThinkTank ». C’est lui, le seul improvisateur qui promet tout sans une analyse des enjeux. Un téléphérique qui devrait relier la citadelle La Ferrière, une route en boucle de Gressier en passant par Pétion Ville pour être bouclée à Cabaret. Ce, en dehors de l’évaluation des impacts environnementaux nécessaires dans des travaux publics de cette envergure. La vente d’une idéologie d’entreprenariat individuel à transposer dans la gestion publique en transformant Haïti en exportatrice de bananes vers l’Allemagne sans considération des acteurs traditionnels de l’Amérique centrale , des Antilles françaises, la Jamaïque et la République Dominicaine dans leurs acquis de marché par rapport à cette spécialisation et des avantages comparatifs .Le budget destiné au parlement , en profitant du dysfonctionnement de cette institution allait être réinvesti pour construire 17 lycées qui se font attendre. En effet, la construction de lycées est perçue dans une démarche machinale sans subir l’évaluation des marches publics, soit une exigence partagée dans le cadre des engagements de l’Etat Haïtien dans la bonne gouvernance auprès des bailleurs même s’il s’agit de fonds du trésor public. Aussi c’est un exercice qui requiert le contrôle de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, une institution indépendante au gré de la constitution haïtienne de 1987. A des gens dépourvues de couverture en sécurité sociale et d’assurance maladie ni de l’éducation gratuite obligatoire pour les enfants quand l’éducation est une charge importante de dépenses pour les ménages.

L’amateurisme semble caractériser les actions de la présidence qui réagit au coup par coup. Ce sont des indices insolites de popularité pour n’avoir pas abouti ou avec des impacts non perceptibles. C’est le cas de la promesse de distribution de l’électricité sans rupture qui a marqué sa campagne électorale et présenté dans le discours politique malgré le fossé pour la réalisation d’une telle promesse. Des mensonges prennent une large place dans ses discours. Il y a aussi des mythes divulgués quant au retour à l’ordre dans la remobilisation des forces armées d’Haïti qui seraient un bras de fer contre l’insécurité et pour asseoir un pouvoir politique stable. C’est aussi la même projection pour la mise en place d’Agence d’intelligence comme superstructure ainsi que des corps de sécurité de protection des aires protégées alors fonctionnant, dans la pratique comme une unité des forces de sécurités établies par la Constitution haïtienne de 1987.

Il se prend pour un modèle de « self made man « qui a réussi dans le système d’exclusion et qu’il y a lieu de promouvoir l’entreprenariat alternatif initié par des jeunes et garantir le droit aux crédits cet effet, une banque de crédit a été établie et l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA) en guise de faciliter l’appui à des jeunes dans le cadre du développement de petites et moyennes entreprises. Ce sont des actions ponctuelles non inscrites forcément dans un plan global. Le projet « Atè Plàt » par exemple est une plateforme, a notre avis, pour la promotion de la débrouillardise. Il voudrait changer des idéologies en mythes en ce sens en des formules insolites. Entretemps, la contribution consistante réside dans la formation d’un courant politique d’extrême droite en Haïti à travers le nouveau mouvement de « Jovenélisme » inscrit dans le cours d’une révolution conservatrice.

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