Des gangs armés font la paix, dans le silence complice et suspect de l’État

Plus de conflit entre les groupes armés de « Ti Bwa » et de « Gran Ravin ». À l’initiative de la structure appelée « G 9 an fanmi e alye », les hommes armés de ces 2 quartiers de la 3e circonscription de Port-au-Prince ont enterré la hache de guerre. Jimmy Cherisier alias « Barbecue », l’un des patrons de ce regroupement de Chefs de gangs, s’est rendu personnellement dimanche à « Gran Ravin » pour serrer la main à« Ti Lapli », le caïd de ce quartier.

Pourtant, l’ancien policier est très recherché par la police. Le ministre de la justice, Lucman Delille, avait même réclamé son arrestation récemment. Sans peur, ni crainte, Jimmy Cherisier alias « Barbecue », a pris la tête d’une foule, en direction de « Gran Ravin ». Dans ce quartier qui, jadis, était considéré comme l’un des territoires contrôlés par des adversaires, l’ancien policier a été acclamé par des habitants. Epinglé dans des rapports l’accusant d’être l’instigateur de plusieurs actes criminels, Jimmy Cherisier qui dirige la structure appelée « G9 an fanmi e alye », cherche à fédérer les différents groupes armés de la région métropolitaine.

Ce 21 juin, il était question pour « Barbecue » de se rendre à « Gran Ravin », pour s’entretenir avec « Ti Lapli », le chef de gang de ce bidonville. Les hommes armés font taire les armes et décident de faire la paix. « Cette alliance a été effectuée, en vue de permettre au pays d’avoir un apaisement, de permettre aux Haïtiens vivant à l’étranger de retourner en Haïti et investir », explique Jimmy Cherizier, au micro des journalistes sur place. Pour lutter contre le système de corruption dans le pays, « Barbecue » pense que les hommes armés dans tous les quartiers vulnérables doivent mettre tous leurs différends de côté et mettre ensemble les points communs, et conjuguer leurs forces pour aller vers l’avant.

« Nous devons nous mettre ensemble pour pacifier les quartiers réputés dangereux. La révolution pour le changement des conditions de vie des citoyens débute aujourd’hui. Jamais, plus jamais les « Ghettos » ne seront plus utilisés à des fins politiques », a-t-il déclaré, vantant la sincérité de cette paix. Pour l’heure, les hommes armés de Village de Dieu n’ont encore rejoint le regroupement « G9 an fanmi e alye ». « Des consultations sont actuellement en cours, mais aucune entente jusqu’ici », a dit Jimmy Cherizier.

Activement recherché par la police, « Barbecue » qui contrôle la zone de bas Delmas dément les informations selon lesquelles, la structure G9 serait contrôlée par le gouvernement. « Ki pwojè gouvènman an fè konsa nan Gran Ravin, Delmas 2, La Saline pou nou ta travay pou li a ? », s’interroge Cherisier. Ce dernier accuse certains secteurs qui, souligne-t-il, tentent de discréditer le mouvement à des fins politiques. « Mouvman lapè sa a, se yon fason pou geto yo jwenn lopital, pou moun yo jwenn kay pou yo domi, dlo potab pou yo bwè », poursuit Jimmy Cherisier.

Et pour consacrer cette alliance, une campagne d’assainissement a été également lancée. Un engin lourd remarqué dans la zone de « Gran Ravin », tentait de deblayer la voie menant à cette zone. D’autres jeunes, munis de brouettes, pelles et balais à l’état neuf, ont demarré également une opération de propreté. « Ti Bwa » et « Gran Ravin », 2 quartiers qui se sont opposés pendant plusieurs années, ont finalement fait la paix, avec des motivations et/ou des objectifs inavoués et inavouables.

Ce processus de « paix » entamé par les groupes armés eux-mêmes, suscitent déjà des commentaires dans l’opinion. Pour certains, ces hommes armés bénéficient du support de l’équipe en place, qui cherche à contrôler les quartiers populaires, a l’approche des élections. Entretemps, aucun commentaire du coté de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et de Réinsertion, qui, en principe, est en contact permanent avec les Chefs de gangs. La rédaction d’Haïti Infos Pro a tenté vainement d’entrer en contact avec Jean Rebel Dorcenat qui souvent intervient dans la presse pour parler du processus de désarmement dans les quartiers réputés dangereux.

D’un autre côté, les gangs armés et certaines autorités centrales continuent de se parler. La semaine écoulée, le Premier ministre Joseph Jouthe a affirmé une fois de plus avoir eu des conversations avec des Chefs de gangs à Port-au-Prince. Sans gêne et sans langue de bois, le Chef du gouvernement continue d’exposer sa relation avec les bandits armés, qu’il promet toutefois de traquer. Haïti est loin d’éradiquer le phénomène des gangs, qui fait l’affaire des politiciens particulièrement lors des périodes électorales.

HIP / Haiti Infos Pro

Crédit Photo Dieu-Nalio Chéry

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