Insécurité : Ce que Frantz Elbé n’a pas dit dans son bilan

Ce cliché disant que « les hommes mentent, mais les chiffres ne mentent jamais » a tout son sens dans le contexte de la présentation du bilan annuel du Directeur général de la Police Nationale d’Haïti, le mercredi 28 décembre 2022. Un bilan éblouissant dont l’énoncé est pourtant aux antipodes de la réalité du pays. À entendre Frantz Elbé, on pourrait se demander, à raison, si son compte-rendu concernait réellement Haïti.

À la surprise de tout le monde, le Commandant en Chef de la PNH s’est décerné un satisfecit pour l’ensemble des actions menées par l’institution qu’il dirige dans la perspective de l’éradication du phénomène de l’insécurité et son corollaire le kidnapping sur l’étendue du territoire national. Mais dans les faits, les gangs armés n’ont jamais été aussi puissants et arrogants dans l’histoire du pays. Leurs avarices sans borne pour la conquête de nouveaux territoires n’a jamais été aussi criante, ce, au grand dam de l’institution policière, dont Frantz Elbé est aux commandes et qui est pourtant la seule force effective existant sur le terrain.

À ce titre, le co-directeur du Collectif Défenseur Plus présente 2022 comme l’année la plus catastrophique en terme de meurtres, de kidnappings et de massacres perpétrés par des gangs armés opérant dans le pays. Antonal Mortimé note que plus de deux mille paisibles citoyens ont perdu la vie à cause des actes de violence qui ne cessent de se multiplier dans le pays ces derniers temps. Il mentionne que plus de 1200 cas de kidnapping ont été enregistrés et 15 massacres perpétrés dans le pays au cours de cette année. Dans la même veine, le responsable de l’association des propriétaires et chauffeurs haïtiens Méhu Changeux révèle qu’un total de 15 chauffeurs membres de l’APCH ont été assassinés, 9 autres grièvement blessés dans des attaques armées et 23 véhicules de transport en commun confisqués par des bandits. Selon le syndicaliste, 65 % de cas sont l’œuvre des bandits armés opérant à l’entrée de la Capitale.

Dans le même ordre d’idée, le coordonnateur du Syndicat National des Policiers Haïtiens Lionel Lazard souligne que, durant la période allant du premier janvier à date, pas moins de 55 policiers sont tombés sous les balles des membres de gangs qui sèment la terreur dans le pays. Il précise que plus de 90 % de ces cas ont été enregistrés dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Un chiffre que le directeur général a.i de la PNH a omis d’évoquer dans le cadre de son bilan. Une omission qui lui vaut pas mal de critiques.

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