L’état d’urgence, une porte « légalement » ouverte sur la corruption

Les catastrophes naturelles, qu’elles soient désastreuses, meurtrières ou anodines, servent toujours les intérêts des autorités en place qui se réservent le droit de détourner les dons reçus à des fins personnelles. La loi sur l’état d’urgence de 2008 donne plein pouvoir au gouvernement en place qui peut passer outre des procédures habituelles pour débloquer des fonds, faire des dépenses, passer des contrats sans le visa de la Cour des Comptes etc.

Cette main levée accordée par le parlement au pouvoir central est une véritable aubaine pour les autorités en place, qui en profitent depuis 2008 pour consentir des dépenses folles, pour détourner les fonds destinés aux victimes, pour passer des contrats juteux avec des particuliers en dehors de toutes les normes élémentaires etc.

À quoi doit-on s’attendre de l’état d’urgence sanitaire décrété pour un mois par le gouvernement en place sur les départements des Nippes du Sud et de la Grand ’Anse ?

Le rapport sur les 197 millions de dollars décaissés par le gouvernement de Michelle Duvivier Pierre Louis pour faire face aux cyclones qui ont dévasté le pays en 2008 est encore dans l’attente. La loi d’urgence sanitaire est depuis 2008, un outil qui alimente la corruption en accroissant la misère du peuple. L’état d’urgence est devenu depuis le tremblement de terre 2010, un moyen licite d’enrichissement illicite. L’Etat haïtien, à travers des structures bidons et en complicité avec les ONG et les affairistes du pays, s’organise pour détourner l’aide internationale, gaspiller l’argent du trésor public dans des projets fantoches.

Depuis 2008, le recours à l’état d’urgence est devenu monnaie courante. L’administration Moïse s’est servi de L’état d’urgence sécuritaire et l’état d’urgence sanitaire comme des « moyens à fin », c’est-à-dire qu’elle les utilisait comme un outil stratégique et politique. Jovenel Moïse a décrété l’état d’urgence sécuritaire dans certaines zones de la capitale. Résultat : les bandits sont de plus en plus nombreux, contrôlent et dirigent ces zones en toute quiétude. L’état d’urgence sanitaire a été décrété à plusieurs reprises sur le pays en raison de la Covid-19, parfois pour 1 mois, 3 mois, 15 jours, sans aucuns résultats durables. Qui pis est, les fonds débloqués depuis le premier état d’urgence décrété en 2008 à date n’ont pas servi à grand-chose, sinon à enrichir davantage certains, ou à faire de nouveaux riches.

Au regard de l’utilisation abusive de l’état d’urgence pendant ces dernières années, et surtout l’incapacité dont fait montre le pouvoir en place à procéder au maintien ou à la levée de l’état d’urgence qu’il soit sécuritaire ou sanitaire, il est évident qu’avec cette structure étatique qui regorge d’individus mercantiles, corrompus et sans scrupules, l’état d’urgence sanitaire décrété dans les départements affectés par le tremblement de terre du 14 aout 2021, ne sera pas bénéfique pour les victimes, ni pour les zones affectées, mais servira comme à l’accoutumée à remplir les poches des gloutons. Donc on ne peut absolument rien attendre des mesures relatives à l’état d’urgence sanitaire décrété par le gouvernement en place pour faire face au séisme dévastateur du 14 août 2021.

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