Massacre, attaque armée, absence d’autorités étatiques… : le RNDDH fait des recommandations

Une enquête menée par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) de juillet à novembre 2023 auprès de trois-cents (300) citoyens, sur la violence armée et ses conséquences sur la population, prouve si besoin était, que les conditions générales de vie dans les quartiers en proie à la violence armée récurrente sont très préoccupantes. Selon les chiffres clés, 98% des personnes interviewées, affirment que les guerres et affrontements armés sont fréquents dans leur zone de résidence, 92% font état d’actes de violence subis de la part des bandits armés, 26 % des femmes déclarent avoir été violées collectivement.

De juillet à novembre 2023, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a mené une enquête auprès de trois-cents (300) citoyens vivant dans les quartiers de Carrefour-Feuilles, de Cité Soleil et de Bel-Air, sur la violence armée et ses conséquences sur la population. Alors que les activités des gangs armés sont enregistrées un peu partout dans le département de l’Ouest, que les bandits armés établissent leur emprise dans d’autres départements géographiques du pays et que les autorités étatiques continuent de fermer les yeux sur les crimes perpétrés par ces derniers, les résultats de cette enquête démontrent que les conséquences de l’insécurité généralisée sont énormes sur la population haïtienne. Et, de manière plus précise, l’enquête menée par le RNDDH révèle et/ou confirme entre autres que :
La violence armée constitue le quotidien des citoyens haïtiens ;

Le fait par la population d’être soumise à de fréquents épisodes de violence entraine des séquelles psychologiques graves. Selon les dires de plusieurs répondants.es, ils sentent qu’ils perdent la tête et deviennent fous ;

Derrière le caractère hégémonique des luttes entre les gangs armés, les intérêts sont nombreux et varient d’une guerre à une autre, même entre des protagonistes similaires ;

Les bandits armés sont généralement connus dans les quartiers où ils opèrent. Ils sont souvent accompagnés de mineurs ;

Dans les communautés ciblées, les populations vivent différemment les moments de paix et les moments de guerre, même si dans l’un ou l’autre cas, elles évoluent toujours sous la coupe des bandits armés ;

Les femmes et les filles sont toujours en danger, peu importe qu’il y ait guerre ou non dans leur communauté. Elles sont victimes de viols et de viols collectifs et d’autres actes criminels mais ne peuvent pas porter plainte contre leurs agresseurs ;

L’absence chronique des structures étatiques dans les quartiers en proie à la violence armée est jugée inadmissible par les citoyens qui estiment avoir du mal à se passer des autorités étatiques, même si elles ne leur sont généralement pas d’une grande utilité ;

La négation des droits fondamentaux dans laquelle évoluent les citoyens.es et l’absence des services sociaux de base vulnérabilisent encore plus les populations exposées à la pauvreté extrême.

Les données qui ont permis de conclure à ce qui est précédemment avancé ont été recueillies auprès des populations de Carrefour-Feuilles, de Cité Soleil et de Bel-Air. Cependant, elles décrivent la vie de tous les citoyens évoluant dans toutes les zones aujourd’hui en proie à la violence armée récurrente et officiellement déclarées « territoires perdus » par les autorités étatiques.

A côté de ces données précises recueillies par le biais de l’enquête, les entrevues ont aussi révélé que les conditions générales de vie dans les quartiers sont inhumaines et totalement inacceptables.

Il convient enfin de souligner que depuis 2018, la vie a drastiquement changé avec les épisodes de violence qui se succèdent dans le pays, la création et le renforcement des coalitions de gangs armés, les accointances entre ces gangs armés et les autorités politiques et judiciaires ainsi qu’avec l’acceptation des gangs armés comme nouvelle composante de la vie sociale et politique en Haïti.

Aujourd’hui, le RNDDH peut affirmer que la vie dans les quartiers en proie à la violence armée se résume aux violences en tous genres, dont les violences sexuelles, à l’absence des autorités étatiques, au non-accès des citoyens aux services de base, à un environnement malsain et dangereux caractérisé par des montagnes de détritus et à des violations massives des Droits Humains.

Et, face à cette situation complexe, les répondants.es, qui ont bien voulu participer à l’enquête du RNDDH, ont eux-mêmes formulé les recommandations suivantes : Mettre fin à la protection des bandits armés ; Démanteler les gangs armés qui opèrent à Carrefour-Feuilles, à Cité Soleil et à Bel-Air et reprendre le contrôle de ces zones ; Arrêter, juger et condamner tous les bandits armés qui endeuillent la population haïtienne ; Fournir assistance psychologique aux populations victimes des quartiers de Carrefour-Feuilles, de Cité Soleil et de Bel-Air ; Assurer le déplacement et l’accueil temporaires et sécurisés des victimes de l’insécurité ; Assainir les quartiers de Carrefour-Feuilles, de Cité Soleil et de Bel-Air ; Favoriser les conditions adéquates de sécurité pour la réouverture des établissements scolaires et de formation professionnelle en vue de permettre aux écoliers, écolières et aux étudiants.es de reprendre leurs activités académiques ; Etablir des réseaux fiables et fonctionnels de distribution en eau potable et en électricité ; Favoriser les conditions adéquates de sécurité en vue de permettre aux populations de Carrefour-Feuilles, de Cité Soleil et de Bel-Air d’avoir accès à des établissements fonctionnels de santé.

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