« Outre les évasions spectaculaires, au moins 21 institutions ont été vandalisées ou incendiées », selon le RNDDH

Selon un document rendu public par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) fixant sa position sur la situation chaotique que connaît Haïti, depuis le 29 février 2024, les deux (2) grandes coalitions de gangs armés, G-9 an Fanmi e Alye et G-Pèp, regroupées autour d’une fédération dénommée « Viv Ansanm » et ayant pour chef de file et porte-parole Jimmy Cherizier alias Barbecue, font une démonstration de leur puissance, dans plusieurs communes du département de l’Ouest. Laquelle démonstration a occasionné des pertes en vies humaines, des évasions de prison, des dégâts matériels et le dysfonctionnement de toutes les institutions de l’Administration publique.

Dans son texte, le RNDDH citant la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP), confirme que la population carcérale du « pénitencier national était estimée à trois-mille-six-cent quatre-vingt-sept (3,687) détenus dont trois-mille-trois-cent-cinquante-cinq (3,355) en détention préventive et seulement trois-cent-trente-deux (332) condamnés, soit 91 % de la population carcérale totale de ce centre qui étaient en attente de jugement et seulement 9% qui étaient déjà fixés sur leur sort. Aujourd’hui, selon la DAP, la population carcérale de la Prison civile de Port-au-Prince est de quatre-vingt-dix-neuf (99) détenus. Il s’agit de ceux qui avaient choisi de ne pas s’évader. Ils ont été conduits au Centre de Réinsertion des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL) en attendant qu’une décision concernant leur situation soit prise par les autorités pénitentiaires. »

De plus, l’institution dont Pierre Espérance est le Directeur Exécutif souligne que « dans la nuit du 2 au 3 mars 2024, la Prison civile de la Croix-des-Bouquets a été vidée de sa population suite à une attaque orchestrée par des bandits armés. 32. Toujours selon le rapport de la DAP relatif au mouvement carcéral, en date du 20 février 2024, la population carcérale de cette prison était estimée à mille-trente-six (1, 036) détenus dont huit-cent-cinq (805) en détention préventive et deux-cent-trente-et-un (231) condamnés, soit 78 % parmi les détenus qui étaient en attente de jugement et seulement 22 % d’entre eux qui étaient déjà fixés sur leur sort. 33. Dans la soirée du 3 mars 2024, six (6) parmi les agents de la PNH qui étaient en isolement au commissariat de Delmas 33 se sont évadés. »

« S’il est vrai que les détenus évadés, pour leur grande majorité, étaient en attente de jugement, certains, très dangereux, ont déjà commencé à menacer les policiers.ères qui avaient participé dans les opérations ayant conduit à leur arrestation. Sur ce point particulièrement, le RNDDH s’est entretenu avec au moins quatre (4) policiers.ères qui aujourd’hui craignent pour leur vie et pour celle des membres de leur famille », peut-on lire dans le document.

Toujours dans son bilan, le RNDDH a fait savoir que le 29 février 2024, à la ruelle Alerte, Port-au-Prince, le Centre d’Education Spéciale pour l’Intégration de Tous, une école pour enfants spéciaux, a été vandalisé par des bandits armés. Le 29 février 2024, à la Croix-des-Missions, la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) a été pillée par des bandits armés qui ont aussi blessé par balle l’étudiant D.W. Au cours de cette attaque, le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) qui partage les locaux de la FAMV, a aussi été vandalisé.

Le même jour, à Shada, les bureaux de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA) ont été pillés par des bandits armés.

« Du 29 février au 3 mars 2024, au niveau de bas Delmas notamment entre Delmas 3 et Delmas 18, des établissements commerciaux et des petites et moyennes entreprises ont été vandalisés par les bandits armés. Il s’agit entre autres de : Stico, Informatek, Nicky Eau Traitée, Confiance Hôtel, Détermination (MonCash, NatCash, Eau Traitée), Complexe Kay Bab », énumère le Réseau, ajoutant que la nuit du 29 février au 1er mars 2024, à la rue Osvald Durand, Port-au-Prince, des bandits ont pris d’assaut le Stade Sylvio Cator. Depuis et jusqu’au 3 mars 2024, ils ont vandalisé les lieux. De nombreux véhicules qui se trouvaient aux alentours du stade ainsi que les tréteaux des marchands.es, ont aussi été incendiés par les bandits armés.

Après son bilan important mais non-exhaustif, le RNDDH recommande aux secteurs vitaux de la Nation de doter le pays d’un gouvernement non prédateur des Droits Humains, formé d’hommes et de femmes intègres, compétents et engagés à : Rendre fonctionnelles les institutions de l’Etat ; Tout mettre en œuvre en vue de reprendre le contrôle du territoire national dans son ensemble ; Réappréhender tous les détenus qui se sont évadés ; Enquêter sur les derniers événements ayant conduit à l’évasion de la population carcérale des prisons de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets ; Enquêter sur l’évasion des policiers en isolement, enregistrée au commissariat de Delmas 33 ; Arrêter, juger et condamner tous ceux qui sont impliqués dans l’orchestration et la perpétration des attaques contre les centres de détention et de rétention susmentionnés ; Démanteler les gangs armés ; Arrêter, juger et condamner les bandits armés qui sèment la terreur dans le pays ; Démettre le haut état-major de la PNH de ses fonctions et entamer des poursuites judiciaires contre ses membres pour n’avoir pas empêché l’escalade de la violence dans le pays, aggravée par les récentes évasions de prisons.

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