RNDDH : À Cité Soleil, les cadavres s’amoncellent, 50 morts en un mois

Le Réseau National de Défense des Droits Humains déplore la mort par balles de 50 personnes à Cité Soleil, au cours du mois de juillet 2020. Durant cette même période, le RNDDH fait état également d’environ 30 disparus dans ce bidonville, où les conflits armés s’amplifient. Le responsable du réseau fustige le comportement irresponsable du pouvoir en place, face à la fureur des gangs.

Les affrontements armés entre les groupes armés ne s’arrêtent pas à Cité Soleil. Et ceci depuis plus d’un mois. La liste des victimes s’allonge. Des personnes mortes au quotidien dans ce bidonville. Une situation qui préoccupe au plus haut point le Réseau National de Défense des Droits Humains. « Au cours du mois de juillet 2020, au moins 50 morts ont été répertoriés. Une trentaine de personnes sont portées disparues », a précisé le Directeur exécutif du RNDDH, lors d’une entrevue exclusive accordée ce mercredi 5 juillet 2020 à Radio Kiskeya et à Haiti Infos Pro.

Dans le cadre des travaux de terrain effectués par le réseau, Pierre Esperance informe que plus de 15 femmes ont été violées. « Il s’agit tous de viols collectifs », a souligné le défenseur des droits humains, qui parle d’une situation « extrêmement grave ». M. Esperance dénonce ce qu’il appelle « la passivité » des autorités étatiques, face à l’expansion des gangs armés à travers le pays. « La vie est banalisée, La police est à genoux, impuissante face aux bandits armés », regrette le responsable du RNDDH, faisant état de 46 policiers assassinés durant l’année 2019.

Parallèlement, Pierre Esperance déplore le manque de moyens auquel fait face la Police Nationale d’Haïti, ce qui, dit-il, l’empêche de remplir convenablement sa mission. « Pas d’équipements, pas de matériels de travail, leurs uniformes et leurs bottes sont abimés, leurs véhicules sont en mauvais état, les conditions de travail sont déplorables dans les commissariats et sous commissariats », a-t-il souligné. Pourtant, dénonce M. Esperance, les bandits disposent d’armes lourdes et de munitions., et continuent à terroriser la population.

Dans la foulée, M. Esperance s’interroge sur un ensemble de dépenses effectuées par l’Etat haïtien dans le cadre du « renforcement de la capacité de la PNH ». Il cite en exemple l’achat fin 2019 des véhicules blindés, qui jusqu’ici, est loin de répondre aux attentes. « Parmi ces blindés qui sont actuellement sous le contrôle du service logistique du Palais national, 8 sont tombés en panne », a révélé Pierre Esperance, critiquant le pouvoir en place qui selon lui, investit de fortes sommes dans des engins inappropriés et de mauvaise qualité.

En attendant une réponse appropriée des autorités compétentes, les bandits armés imposent leurs lois. Que ce soit à Port-au-Prince ou dans des villes de province, les gangs, lourdement armés, sèment le deuil dans les familles haïtiennes. Sur les réseaux sociaux ou dans les débats publics, les citoyens se révoltent et dénoncent l’irresponsabilité de l’Etat.

Très critiqué pour son attitude jugé passif face à l’action des bandits, le Président Jovenel Moise, après plusieurs semaines de silence, a enfin réagi sur la remontée de l’insecurité dans le pays. « Les actes de banditisme perpétrés, dans le pays, nous attristent tous profondément », a écrit le locataire du Palais national. Dans un tweet publié ce mercredi, Jovenel Moïse informe que « des instructions formelles ont été passées aux autorités compétentes afin de renforcer les mesures de sécurité et de sévir contre les éventuels coupables de ces actes ignobles ». Un tweet qui est loin de rassurer les citoyens, qui ne cessent d’exprimer leur scepticisme quant à la capacité ou la volonté réelle du pouvoir en place, de résoudre le problème de l’insécurité en Haïti.

Luckson Saint-Vil / HIP

Crédit Photo/ Chery Dieu-Nalio

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