Affaire « Ze » : Il faut appeler un chat un chat, un chef de gang un chef de gang !

Depuis l’arrestation, le dimanche 26 juin, du chef de gang de « Baz pilat », Alexandre Ezéchiel alias Ze, certains journalistes de la place s’abstiennent d’utiliser le mot « gang » pour parler de lui, comme s’ils voulaient lui donner une étiquette autre que celle de gang notoire, agissant en dehors de la loi et dont le nom a été cité dans le massacre de La Saline, dans la mort du journaliste Rospide Pétion et qui utilise son fief comme voie de passage aux kidnappeurs.

De tels agissements sont des caractéristiques propres aux chefs de gangs qui se livrent à des homicides, des crimes, des massacres et de toutes sortes d’exactions pour se faire un nom. Ze est de ces individus devenus chef de gang ayant des territoires sous leur contrôle, des soldats sous leur autorité, détenteurs d’armes à feu illégales, auteurs présumés de toutes sortes de crimes. Comme eux, « Ze » est à la solde de certains hommes puissants de pays. Sa notoriété comme chef de gang n’est plus à démontrer. Ceux qui vertement ou de manière voilée prennent sa défense, doivent aussi bien comme lui répondre aux questions de la justice.

Il ne doit y avoir aucun traitement de faveur ni aucune considération pour les chefs de gang. Des individus qui se donnent des pouvoirs de tortures, de kidnapping et de justicier, qui s’adonnent à des massacres, des crimes et toutes sortes de répression, n’ont pas d’autres appellation que celle de gang, bandit, malfrat etc. Alexandre Ezéchiel alias Ze, au même titre que les puissants chefs de gang qui nous pourrissent la vie, tels que Izo, Ti Lapli, Lanmò 100 jou et autres, est un chef de gang qui doit répondre de ses actes. Les tentatives de certains hommes de média de le faire passer pour une sorte de justicier et les mobilisations organisées pour exiger sa libération, sont l’expression d’une société en putréfaction, détournée des principes de droit. La loi, peu importe le degré de pourrissement d’une société, doit en tout temps être le socle sur lequel se construit l’état de droit. Tout comportement contraire aux règles de droit doit être combattu et réprimandé. Les agissements d’Alexandre Ezéchiel sont totalement contraires à la loi, ils participent à la gangstérisation du pays. « Le sang appelle le sang », dit-on. La solidarité des autres chefs de gang de la place à Ze, et l’appel à sa libération par le patron de G9, Barbecue, prouvent clairement qu’il est l’un des leurs, par ricochet un chef de gang, peu importe la réputation qu’il s’est taillé. Qu’il se livre à des actes de kidnapping ou pas, qu’il soit un homme de main de certains hommes de la place, qu’il jouisse de sympathies des gens de ses zones de contrôle, il reste et demeure, un hors la loi, aux agissements répréhensibles.

Sans langue de bois : Ze est un chef de gang. Par contre, son arrestation suivie des mouvements de protestations par les gens de ses zones d’influences nous fait comprendre que les gens qui vivent dans les quartiers dominés par des gangs ont fini par les accepter et les soutenir à un certain degré. Ils les considèrent comme des bons Samaritains, des justiciers, voire des protecteurs. Malheureusement, ces gens ne comprennent pas que ces chefs de gangs qui leur sont favorables, commettent des crimes dans d’autres zones, qu’ils détruisent des vies et des biens pour de l’argent, qu’ils sont soit des kidnappeurs ou des complices. En d’autres termes, les gens doivent comprendre qu’en aucun cas, ils ne peuvent prétendre au changement d’Haïti, tout en s’associant aux agissements des chefs de gangs. Ils doivent comprendre que ces derniers sont des ennemis de l’état de droit, qu’ils sont des marginalisés qui n’ont absolument aucune envie de voir changer les choses. Ce sont eux les responsables de l’insécurité, ce sont eux les kidnappeurs, ce sont les malfrats qu’il faut à tout prix dénoncer et combattre.

Ayons le courage de nommer les choses ! Appelons un gang un gang, un corrompu par son nom, un journaliste véreux, machann mikro, un parlementaire dealer, machann dwog, un président aux bottes de l’international et du secteur privé, restavèk, tchoul blan, des vendus de la cause des masses, trèt. On pourrait allonger la liste de nomination, tant que les choses se font à l’envers en Haïti. La peur doit changer de camp dans ce pays. Les gangs, peu importe le milieu auquel ils appartiennent, doivent être démasqués. Si l’on se réfère aux déclarations du directeur exécutif du RNDDH, Pierre Espérance, sur les gangs qui nous entourent dans ce pays, il est clair qu’ils sont partout. Ils sont dans l’Etat, dans le secteur privé, dans les médias etc.

La lutte contre les gangs doit se faire non pas uniquement contre les foyers de gang connus et leurs chefs, mais aussi contre tous ceux qui prêtent le flanc aux gangs, qui les supportent en armes et munitions, qui leur garantissent l’impunité, puisque eux aussi sont des gangs. Ils n’ont pas d’autre épithète que celui de gang. Comme l’a si bien dit Albert Camus : « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur de ce monde ». Pour éviter d’ajouter du malheur au chaos d’Haïti, appelons les gangs par leurs noms et condamnons leurs crimes !

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