Drame à Village-de-Dieu : le haut commandement de la PNH s’acoquine avec des gangs, selon RNDDH

Le narratif postdrame à Village-de-Dieu est révélateur d’une véritable infamie. Deux ans après l’assassinat le 12 mars 2021 de 5 policiers par le gang «Izo 5 segond», aucune initiative pour rendre justice aux proches des victimes n’a été engagée par l’État, déplore le défenseur des droits humains, Pierre Espérance.

Remonter les faits survenus à Village-de-Dieu le 12 mars 2021 et le comportement affiché par la hierarchie de la Police nationale d’Haïti (PNH) c’est comme raviver des braises de souvenirs douloureux. Cinq policiers de Swat-Team ont été assassinés par le regroupement criminel «5 segond», leur cadavre profané au cours d’une opération policière «mal préparée».

La récupération d’un véhicule blindé, négociée par la direction générale de la PNH, sans les corps des victimes, est le témoignage du plus grand souci manifesté par le directeur général de la PNH d’alors, Léon Charles, de l’avis du directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Pour Léon Charles, le corps des policiers tombés dans l’exercice de leurs fonctions importe peu. Dans l’intervalle, Pierre Espérance décèle une intervention baclée sans une planification incluant une mobilisation du service de renseignements, une évaluation des risques.

La suite de l’histoire reste anédoctique. Aucune trace des policiers victimes du piège des bandits. Deux ans après, les proches des disparus, leurs frères d’armes peinent à faire le deuil. Les bandits, à la suite du drame, se sont affirmés en multipliant des forfaits contre la population civile. La liste des victimes d’assassinats, d’enlèvements et séquestration contre rançon, de détournements de camion de marchandises dans l’entrée Sud de Port-au-Prince est infinie.

En juin 2021, le Sous-Commissariat de Martissant a été attaqué par des fractions criminelles opérant dans la 3ème Circonscription de Port-au-Prince, les policiers qui y etaient affectés ont pu déserter le batiment sans être victimes. Une déroute encaissée par la PNH, un autre symbole de l’État humilié.

Depuis, la zone est abandonnée aux mains des civiles armés dans l’indifférence des autorités policières. Frantz Elbé, directeur général de la PNH, successeur de Léon Charles, avait sollicité la patience de la population avant de résoudre la situation de Martissant. Plus rien de concret, aucune intervention de l’État pour mettre les bandits hors d’état de nuire. Au contraire, les assassins se renforcent en raison d’une certaine connivence bénéficiée des autorités policières, dénonce Pierre Espérance.

À Port-au-Prince, au plus haut niveau de l’Etat, des autorités politiques approuvent et cautionnent les crimes commis par les gangs armés. L’organisation des festivités carnavalesques en février 2023 en dit long sur la gangstérisation des quartiers, la banalisation de la vie, l’impunité totale affichée par le regime de facto.

Plus de 100 millions de gourdes ont été mobilisées pour l’organisation d’une version du carnaval au cours de laquelle bandits et policiers se sont côtoyés, révèle Espérance. Dans un contexte fortement marqué par l’explosion des cas d’assassinat et d’enlèvement contre rançon, le gouvernement a opté pour une solution de façade en élaborant un plan de sécurité limité dans l’aire du Champs-de-Mars, critique Pierre Espérance.

À propos de gouvernance générale du pays, le reponsable du RNDDH dépeint un tableau grimaçant. Des gangs continuent de bénéficier du support des membres du pouvoir de facto. L’institution policière en panne de moyens et de matériels peinent à répondre convenablement à sa mission. Pierre Espérance signale des cas d’agents de l’ordre victimes des gangs, dépossédés de leurs biens et contraints de travailler dans des conditions non idéales.

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