Formation du CEP : l’ANMH dit « NON » à Ariel Henry !
Pour former le Conseil Électoral Provisoire, le Premier ministre Ariel Henry peut compter sur tous les secteurs qu’il veut, mais pas sur la Presse. Préoccupée par le climat d’insécurité de plus en plus pesant en Haïti, l’Association Nationale des Médias haïtiens minimise la démarche gouvernementale et n’entend pas prendre part au processus.
Alors que le pays s’enlise un peu plus dans la crise avec notamment une insécurité généralisée, le Gouvernement, incapable d’y favoriser un retour à la paix, met le cap vers la tenue des élections. Pourtant, selon le constat objectif, l’organisation des élections est loin d’être la priorité du moment. Mais frappée de cécité politique, selon plus d’un, l’équipe au pouvoir n’en fait pas le constat.
Envers et contre tous, le chef de la primature pose les jalons de son Conseil électoral provisoire. Plusieurs secteurs de la vie nationale sont déjà contactés en vue de désigner leurs représentants au sein du CEP. En date du 10 avril 2023, une correspondance a été adressée en ce sens à l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH).
Après consultations, l’ANMH décide de ne pas prendre part à cette démarche qu’elle juge utopique, irréaliste. Pour justifier sa position, d’une part, l’Association nationale des médias haïtiens met en avant le phénomène de l’insécurité qui gangrène le pays. « L’ANMH a convenu de ne pas prendre part à cette initiative et a choisi de décliner votre invitation. L’argument de la majorité de nos membres est que la question de l’insécurité qui affecte la vie nationale, de toute évidence, échappe au contrôle de votre gouvernement », lit-on dans une note en date du 24 avril 2023, portant la signature de Jacques Sampeur.
À l’instar de plusieurs autres secteurs, partis politiques et citoyens avisés, l’Association nationale des médias haïtiens croit que toute tentative d’organiser des élections dans un tel contexte est tout simplement irréaliste et irraisonnable.
Un peu plus loin, l’Association dit relever une certaine opacité dans la manière dont le gouvernement a choisi de constituer le Conseil électoral provisoire. Cette façon de faire, selon l’Association, n’est pas conforme aux prescrits de la constitution haïtienne en vigueur.
« Nous restons fermement attachés aux prescrits de notre Constitution sur la manière de former le Conseil Électoral. Aussi, ne comprenant pas le bien-fondé de la nouvelle formule adoptée par votre Gouvernement, nous avons opté pour rester en dehors de ce nouveau processus », soutient l’ANMH.
Cherté de la vie, chômage, insécurité, bref les problèmes auxquels font face les Haïtiens ne sont pas moindres. Entre-temps, la priorité du gouvernement en place, très décrié d’ailleurs, demeure l’organisation des élections. Selon plus d’un, les démarches initiées par le gouvernement en vue de mettre sur pied le CEP relèvent tout simplement d’une manœuvre dilatoire. La majorité des secteurs de la vie et organisations politiques continuent de croire que la priorité de l’heure n’est autre que la restauration d’un climat sécuritaire dans le pays, et non la tenue de joutes électorales.
Après la décision de l’ANMH de décliner l’invitation du premier ministre, le gouvernement entendra-t-il enfin la voix de la raison ?