Insécurité : Croix-des-Bouquets, Village de Dieu, Martissant, reflets de l’impuissance de l’État

L’avènement des gangs armés en Haïti affaiblit le pays dans tous ses compartiments. De Village de Dieu à Martissant, jusqu’à Croix-des-Bouquets, ils s’installent, rançonnent, térrorisent et rendent la vie dure à la population. De cette situation, la Police Nationale d’Haïti (PNH), la seule force armée devant garantir la sécurité des citoyens, n’en est pas épargnée et parait impuissante. Les plans élaborés pour déloger les gangs armés sont souvent voués à l’échec total, notamment à Village de Dieu où au moins cinq policiers ont été tués, d’autres blessés il y a un an, soit le 12 mars 2021.

Personne ne pouvait trouver le mot juste pour qualifier cette intervention policière à Village de Dieu qui a plongé la Police dans le désarroi. Sous les balles des bandits, des messages d’urgence ont été lancés par ces agents pour demander renfort, aucun résultat. Georges R. Vivender, Désilus Wislet, Eugène Stanley, Ariel Poulard, Lucdor Pierre y ont finalement laissé leur peau. Humiliés, décapités, trainés au sol, l’image de la PNH avait pris un sale coup.

En outre, les autorités policières n’ont pu rien faire pour récupérer les corps de ces 5 policiers tombés au combat. Par contre, le Haut-Commandement a pu négocier pour récupérer un char que les bandits avaient saisi, abandonnant ainsi et jusqu’à date, les cadavres de ces frères d’armes à la merci des malfrats.

Un an après, cette parodie d’opération reste inoubliable. Un an après, aucune démarche ni volonté pour récupérer les restes de ces vaillants agents. Un an après, leur famille réclame Justice et réparation, mais toujours rien. Léon Charles, le Chef de la Police d’alors, a pu laisser ses fonctions sans avoir eu à répondre de ce massacre. Entretemps, Village de Dieu s’amplifie et s’étend jusqu’à Martissant où depuis plus de neuf mois, les balles sifflent nuit et jour, des citoyens, dont des agents de la Police, sont exécutés en plein jour, la zone est dévastée, l’État absent, les policiers sont chassés des commissariats qui sont, par la suite, occupés par les bandits.

Si, pour certains, le phénomène de Martissant a commencé au Village de Dieu à cause de l’inefficacité de l’institution policière, il n’est pas différent pour Croix-des-Bouquets, assiégée par les gangs armés qui s’étendent jusqu’à Pernier, à Pétion-Ville, en passant par Tabarre. Les assassinats s’intensifient, le kidnapping a atteint sa vitesse de croisière, les habitants fuient la zone pour tenter tant bien que mal de sauver leur peau. De plus en plus, le territoire est contrôlé par les gangs, les autorités étatiques fuient leurs responsabilités, le pays est livré à lui-même.

Un an après, cette institution à laquelle appartenaient Georges R. Vivender, Désilus Wislet, Eugène Stanley, Ariel Poulard, Lucdor Pierre leur tourne à jamais le dos. Aucune explication, aucune cérémonie d’hommage, si ce n’est que le Syndicat de la Police Nationale (SPNH-17) qui a songé à organisé une messe de requiem en leur mémoire. Face à cette réalité que faut-il faire? Fuir le pays pour sauver sa peau? Se donner ses propres moyens pour se protéger? Vivoter à la merci de cette Police Nationale d’Haïti? Les questions sont nombreuses et les réponses peuvent être très inquiétantes.

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