Opération « Tornade 1 », un mensonge qui s’ajoute à tous les autres

Chaque jour qui passe, les gangs armés apportent un démenti formel à l’indivisibilité de la République dont il est question à l’article 1er de la Constitution. En Haïti, depuis quelques temps, la réalité sociale et sociétale dépasse la fiction constitutionnelle. Déjà profondément divisés dans nos opinions, nos intérêts, nos fausses convictions, aujourd’hui c’est notre territoire qui se trouve fractionné par des caïds sans état d’âme qui s’autorisent, en souverains absolus et perpétuels, tous les pouvoirs face à un Gouvernement de facto ayant opté pour l’inaction, la solution la plus facile.

Pour calmer les nerfs en furie des policiers frustrés et du coup suborner une population ayant perdu le goût de l’aventure politique, ne pensant ainsi qu’à « vaquer docilement à ses occupations », le Directeur général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Frantz Elbé, s’est empressé de lancer une énième opération à l’appellation comminatoire, « Tornade 1 », pour donner aux bandits la monnaie de leur pièce. A s’y méprendre, même le commandant en Chef de l’institution policière n’est pas convaincu des dégâts, éventuels, que pourrait provoquer sa « Tornade » sur les forteresses inexpugnables des bandits. D’ailleurs, que vaut une « Tornade » policière face au tsunami de la gangstérisation qui ressemble, trait pour trait, à l’application d’un programme d’Etat. Dépourvue de matériels et d’équipements adéquats, n’ayant pas été préparée à faire face au terrorisme, la PNH est tout carrément dépassée par la situation. Aussi louables que soient les efforts consentis par l’institution policière pour tenter de ramener la paix dans certaines zones où elle pense pouvoir encore exercer une infime et parcellaire autorité, ces efforts-là restent et demeurent des coups d’épée dans une mer agitée qui risque de l’engloutir. Pire encore, le pays ne peut pas compter sur le passage d’une « Tornade » de faible intensité, (1), pour mettre fin au règne des gangs, quand il y a de l’eau dans le gaz entre le haut-commandement de la Police Nationale d’Haïti et certains agents-subalternes qui dénoncent son impéritie à grands renforts de publicité. Cette disharmonie policière rend quasi impossible toute opération visant à traquer les caïds « jusque dans leurs chiottes ». Les opérations passées aux appellations menaçantes, toutes ratées, en sont la preuve que la PNH ne peut, dans son état actuel, mettre les bandes armées Hors Service. Toute promesse en ce sens, même si venue d’en haut, n’est qu’un pur mensonge qui cache mal sa vraie identité.

C’est un fait qu’en Haïti, dans leur folie cynique, les dirigeants croient pouvoir confondre indéfiniment l’art de gouverner avec celui de biaiser, de tricher, de mentir. Mais, la réalité les rattrape toujours. D’ailleurs, s’il est un domaine dans lequel le mensonge quel que soit le costume qu’il porte ne peut tromper personne, c’est bien celui de la Sécurité nationale, la Sécurité tout court. Après le fiasco du court-métrage « Terminator I et II », la Police Nationale d’Haïti a lancé, le vendredi 27 janvier 2023, la première saison de sa série « Tornade » dont les premiers petits effets ne se sentent toujours pas, même à travers les rues par une quelconque « patrouille renforcée ». Haïti toute entière aimerait bien que l’opération « Tornade » s’abatte hargneusement et sans indulgence, du nord au sud, de l’est à l’ouest, sur tous les coins et recoins où se cachent les bandits. Mais malheureusement il n’y a qu’au cinéma que tout est possible. Dans la réalité haïtienne actuelle, c’est tristement les caïds qui tiennent le premier rôle.

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