À quand un réveil patriotique pour dire NON au banditisme d’État?

Les assassinats de Me Monferrier Dorval, de l’étudiant Grégory St- Hilaire et récemment de l’élève Evelyne Sincère, suffisent pour rallumer la flamme de la mobilisation contre le pouvoir en place. Ironie du sort : il n’y a pas eu de véritable levée de bouclier de la population haïtienne pour aller jusqu’à bout et forcer le gouvernement en place à rendre justice aux différentes victimes dont la liste est plus longue que la tour de 2004.

Terrorisée, terrifiée, kidnappée, violée, assassinée, la population haïtienne fait face, depuis quelques temps, à un mode opératoire bien calculé par les assassins qui échappent à tout contrôle de la PNH appelée à sécuriser les vies et les biens.

Les victimes de l’insécurité ces dernières semaines devraient sonner le glas du règne de ce régime sanguinaire. Néanmoins, on oublie vite, on passe trop vite à autre chose.

Il y a, à la vérité, une sorte de stratagème du pouvoir en place à contenir toute mobilisation populaire. Le gouvernement applique avec tact le vieux dicton : diviser pour régner. Avec l’opposition politique ça marche à merveille. Pour les funérailles de Me Dorval, le gouvernement s’est arrangé avec la famille pour organiser une cérémonie privée dans l’unique objectif de faire échec à la veillée funèbre du barreau qui aurait pu déboucher sur une grande mobilisation populaire. Le pouvoir en place a eu gain de cause. Il a fait diversion et a pu anticiper la mobilisation populaire qui se préparait pour les funérailles du bâtonnier. Il s’est passé la même chose avec la mort de l’étudiant Grégory. Le pouvoir s’est arrangé avec ses parents pour freiner la mobilisation populaire. Les parents des morts tragiques se sont tus. Pas de nouvelles. Ils jettent l’éponge. Il se passera probablement la même chose avec l’affaire d’Évelyne Sincère. Elle sera inhumée et on n’entendra plus parler d’elle. C’est la stratégie du pouvoir pour continuer à agir en toute impunité.

Que faut-il faire? Nous pouvons continuer à être des complices passifs du pouvoir en place en restant à l’écart de tous les actes ignobles, inhumains et sans noms qui nous frappent en plein visage ou nous lancer dans une mobilisation constante pour mettre en déroute le plan macabre du pouvoir en place.

D’autres d’entre nous vont encore tomber. C’est la seule certitude. Des gens de l’élite intellectuelle comme Me Dorval, impartiaux, directs et serviteurs honnêtes du pays vont subir le même sort. Des étudiants comme Grégory St- Hilaire, avantgardistes, téméraires, révolutionnaires vont aussi tomber sous les balles de la police. Enfin, d’autres comme Evelyne Sincère vont encore tomber et n’accompliront pas leurs rêves. Me Dorval est mort en ayant la ferme conviction qu’il ne s’appartenait plus, mais au pays, Grégory est mort avec la ferme conviction de n’avoir pas été le complice du système épistémophobe qu’il dénonçait, Evelyne, elle est morte innocemment. La question se pose aujourd’hui : sommes-nous prêts à faire honneur à ces morts par la mobilisation populaire pour obtenir justice, ou allons-nous laisser le champ libre aux assassins?

Ricot Saintil / HIP

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