Assassinat de Grégory: Les larmes d’une mère touchée dans ses entrailles

Après des heures passées dans une salle de cours à l’École Normale Supérieure, le cadavre de l’étudiant Gregory Saint-Hilaire a été finalement levé ce samedi 3 octobre 2020. Devant le corps sans vie de cet étudiant finissant en Sciences sociales et en 2e année de la faculté de droit, une mère verse des larmes, et exprime son désarroi, sa désolation. Des cris qui provoquent tristesse et amertume sur les réseaux sociaux.

« 12 jiyè a ki bal 29 lane wi mezanmi ! Map batay lontan wi ! Mwen pote bout sak pou m mete li kote li ye a wi. Pito se bat yo te bat li, pye l te kase, omwen mwen ta mennen li lopital… » Voilà les phrases qui riment les pleurs de la mère de Grégory Saint-Hilaire, tombé sous les balles d’un agent de l’USGPN. Après des heures de péripéties, cette dame qui a donné naissance à ce jeune etudiant, a rejoint le corps sans vie de celui sur qui elle comptait. Un drap de couleur blanche, des traces de sang visibles un peu partout dans la salle de cours, la mère de la victime, accompagnée d’autres membres de la famille ainsi que des étudiants, constate impuissante, la levée du cadavre par une ambulance privée.

Dans une cacophonie de pleurs, cette dame, vêtue d’une robe noire, avec les mains tendues vers le ciel, présente Gregory Saint-Hilaire, son 3e fils, comme quelqu’un de sage et de respectueux. « Il n’était pas un voleur, ni un kidnappeur. Si se te sa, se pa nan fakilte li tap vini. Se sou pitit mwen yo mwen mete espwa. Se Gregory ki te ka edem demen wi… », pleure-t-elle,

Tout en réclamant justice pour son fils, la mère de l’étudiant dont son identité n’est toujours pas révélée, s’adresse à la société haïtienne, en ces termes : « Men peyi a wi ! Ou paka prepare yon timoun, pou se konsa l pase. Depi yon timoun prèske rive nan peyi a, yo gen yon jan yo fè avèl. Mwen pat prepare pou sa non mezanmi ! Nou gen pitit tou. Nou gen Manman. Gade byen pou nou wè si li bon ! », se désole la maman de Grégory Saint-Hilaire, en sanglot.

Entretemps, la vidéo de cette dame tourne en boucle sur les réseaux sociaux. En quelques minutes, la séquence est partagée et vue par des milliers de personnes sur Facebook. Les larmes d’une mère touchée dans ses entrailles, qui provoquent l’indignation des Haïtiens.

En attendant l’aboutissement de l’enquête annoncée par la police nationale, les camarades de Grégory n’entendent pas baisser les bras. Suite à la levée du cadavre, un mouvement de protestation, supporté par d’autres entités de l’Université d’Etat d’Haïti, a vite été lancé. Barricades de pneus enflammés, la circulation a été paralysée aux rues de l’Enterrement, Saint Honoré entre autres. Les forces de l’ordre, dépêchées sur place, ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires, ce qui a provoqué un vent de panique à la pédiatrie de l’Hôpital général, situé à quelques pas de l’École Normale Supérieure.

Luckson Saint -Vil /HIP

Crédit Photo / Edris Fortuné

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