Carrefour : mauvais traitements des détenus à la prison civile, le RNDDH appelle la ministre de la justice à agir vite

À la prison civile de Carrefour, les conditions de détention sont terribles et laissent à désirer. Une triste réalité qui interpelle le Réseau national de défense des droits humains( RNDDH). L’organisme dont Pierre Espérance est le directeur exécutif invite le ministère de la justice et de la sécurité publique à agir de manière urgente afin d’améliorer cette situation lamentable.

Dans presque tous les centres carcéraux en Haïti, rien ne va plus ces derniers temps. C’est le cas de la prison civile de Carrefour où les conditions de détention se dégradent un peu plus chaque jour et les garanties judiciaires des détenus sont systématiquement violées, selon le RNDDH. Un fait bien triste, mais qui n’interpelle pourtant pas le gouvernement en place.

En dépit du fait que les autorités aient été alertées à maintes reprises sur les mauvaises conditions de vie des détenus, elles ont préféré s’enfermer dans l’indifférence la plus totale. Face à ce comportement, le Réseau national de défense des droits humains continue de tirer la sonnette d’alarme.
En ce sens, le réseau a adressé le 18 juillet une correspondance à la ministre a.i de la justice et de la sécurité publique, Emmelie Prophète, en vue d’attirer son attention sur le calvaire des détenus de la prison civile de Carrefour.

Dans cette lettre, le RNDDH informe la titulaire du MJSP que les conditions dans lesquelles se trouvent ces détenus sont terribles. Les règles Minima pour le Traitement des Détenus et les Règlements Internes des Etablissements Pénitentiaires sont foulées au pied.
Alors que la capacité d’accueil totale de cette prison est de quatre-vingt-quinze (95) détenus, au 23 juin 2023, date de la dernière visite du RNDDH, elle accusait un effectif de cent-soixante-douze (172) détenus dont cent-cinq (105) en détention préventive et soixante-sept (67) condamnés, révèle le RNDDH dans cette correspondance.

Le RNDDH informe Emmelie Prophète que les détenus qui attendent d’être jugés, certains oubliés du système judiciaire à la tête duquel elle se retrouve aujourd’hui, sont incarcérés depuis quinze (15) ans. À d’autres qui sont emprisonnés depuis une dizaine d’années, il est reproché des infractions pour lesquelles ils auraient déjà purgé leur peine, s’ils avaient été jugés et condamnés. Et à titre d’exemple, le RNDDH énumère les noms de plus d’une vingtaine d’individus incarcérés.

Par ailleurs, le Réseau national de défense des droits humains souligne à l’attention de la ministre de la justice que même après leur condamnation, le calvaire des détenus de la Prison civile de Carrefour continue. Ils passent des années supplémentaires en prison après avoir purgé leur peine soit parce que les dispositifs de jugement ne leur sont pas signifiés, soit parce que, même avec le dispositif en main ou un certificat de greffe, le suivi est compliqué.

Et comme exemple, le RNDDH a pris le cas de
Guito Laguerre qui a été condamné le 29 juillet 2009 à quinze (15) ans d’emprisonnement lors d’une audience criminelle présidée par la magistrate Ketsia
Charles. Selon un certificat qui lui a été délivré en date du 1er décembre 2011 par le Greffe du Tribunal de première instance de Port-au-Prince, il aurait dû recouvrer sa liberté le 22 avril 2022. Aujourd’hui encore, il se trouve à la Prison civile de Carrefour.

Le RNDDH dit prendre en exemple le cas de la Prison civile de Carrefour dans le but de permettre à la ministre de saisir l’ampleur des violations de leurs garanties judiciaires et de leur liberté individuelle qu’endurent les détenus-es en Haïti. Une situation alarmante qui, selon le réseau, semble échapper totalement aux Parquets près les Tribunaux de première instance du pays qui pourtant, ont pour obligation de s’assurer que tout détenu-e soit jugé, libéré ou condamné et qu’il ne passe pas un jour de plus en prison, après avoir purgé sa peine.

L’organisme de défense des droits humains conclut sa lettre en recommandant à la ministre d’une part, de passer les instructions formelles pour que les dossiers des détenus cités dans la correspondance, soient étudiés dans les meilleurs délais, et d’autre part, d’enjoindre aux parquets des dix-huit (18) Tribunaux de première instance du pays, de dresser la liste des détenus-es avec tous les détails relatifs à leur statut juridique, pour un suivi spécifique de leurs dossiers.

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