« Non Assistance à poésie en danger », l’appel à la transformation radicale de Ricardo Boucher

Depuis quelques semaines, une campagne est tenue par Ricardo Boucher en vue de la sensibilisation par la poésie. Sur des murs à Port-au-Prince, des bribes de poèmes de certains grands poètes haïtiens ont été apposées, par celui qui se considère comme militant avant d’être poète. Cependant, Ricardo Boucher précise que ceci est loin d’être une campagne poétique, mais un appel à la transformation radicale.

Militant de gauche, membre de l’organisation sociopolitique MOLEGHAF, Ricardo Boucher est un mélange de poésie et de radicalisme. Cette campagne est pour lui une façon de dénoncer la violence systématique que subissent les masses des quartiers défavorisés. Grand passionné de Georges Castera Fils, Ricardo Boucher est tantôt dans un radicalisme tantôt dans une esthétique du chaos. «Non-assistance à poésie en danger vise à renforcer la haine populaire inédite contre l’État en Haïti, détaille-t-il, cet États néo-colonial, néo-féodal qui ne cesse de nous enfoncer dans cette situation d’assistance permanente», a-t-il ajouté.

Ricardo Boucher a fait savoir que « l’idée de mettre sur pied ce mouvement vient de la réalité de tous les jours, de la situation invivable des laissés-pour-compte ». Le jeune diseur estime que cette initiative va au-delà d’une simple campagne de sensibilisation. «Le mouvement non-assistance à poésie en danger, c’est longtemps plus avancé plus significatif qu’une campagne de sensibilisation, c’est un appel à la transformation radicale», a indiqué Ricardo Boucher, initiateur de ce mouvement, dans une interview exclusive accordée à la rédaction.

« La parole que je porte c’est la parole du peuple. Mais, ce n’est pas une parole qui tourne seulement autour du peuple. C’est une parole qui a un ton revendicatif », a poursuivi l’initiateur du mouvement caractérisé par des tags disséminés à travers des rues de la Capitale. « C’est une parole qui cible l’État, qui dénonce la bourgeoisie, c’est une parole qui court les rues au jour le jour », argumente-t-il avant de souligner que c’est une description des besoins les plus urgents de la société haïtienne.

« Je veux allumer le feu de l’éducation conscientisante, tout en respectant la conscience des masses populaires. Telles sont quelques-unes de mes multiples idées sur les graffitis poétiques dans les zones dites sensibles », a-t-il expliqué. Faut-il aussi rappeler que Ricardo Boucher a été très actif dans le mouvement « le poème tué » de Guy Régis Jr, qui avait lui aussi pour objectif d’interpeller l’opinion publique sur un développement endogène de plusieurs types de violence à travers le pays.

Le mouvement « non-assistance à poésie en danger » est loin d’être une quête d’assistance, à en croire les déclarations de son chef de file. Cependant, « c’est un outil pour éliminer la question d’assistance, afin que la poésie puisse s’épanouir, c’est à dire l’humain », précise Ricardo Boucher qui se définit comme un « marxiste décolonial ».

Joubert Joseph / HIP

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